POLITIQUE – Depuis la tentative d’arrestation musclée de l’opposant, Yaya Dillo Djerou, ayant fait au moins deux morts, et l’invalidation des candidatures de Succès Masra, leader des Transformateurs et de six autres candidats, des voix s’élèvent pour réclamer le retrait des opposants du processus électoral. Après Saleh Kebzabo, le candidat de l’Alliance Victoire, Bongoro Théophile et Yorongar Ngarlejy rétropédalent. Vers un boycott total de l’opposition? 

Idriss Deby Itno, ira-t-il aux élections avec son ombre ? Après l’intervention au domicile de l’ex-chef rebelle, Yaya Dillo Djerou, candidat disqualifié à la présidentielle d’avril 2021, faisant au moins deux morts, selon le bilan officiel, des leaders politiques et de la société civile tchadienne se lèvent pour réclamer la démission du Maréchal Deby ou du moins le report de la présidentielle et l’organisation d’un dialogue inclusif. Faute de satisfaction, ces derniers ont appelé les opposants engagés dans la course à la présidentielle de « ne pas légitimer le pouvoir autoritaire » du régime de N’Djaména. Car, selon eux, «  il n’y a pas de démocratie au Tchad et il n’y en avait jamais eu ». Par conséquent, ils demandent aux membres de l’opposition de se « retirer du processus électoral ». 

Boycott à la béninoise ?

Depuis le lundi 1er mars, le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau ( UNDR ), Saleh Kebzabo, a annoncé son « retrait du processus électoral ». 

« L’incursion des forces du 3ème degré au domicile de M. Yaya Dillo, a fait des victimes et impacte négativement sur le processus électoral en cours et donne une idée sur le climat d’insécurité qui entachera certainement la campagne électorale pour les candidats qui vont affronter celui du MPS (…) Aussi, l’UNDR n’a obtenu aucune réponse aux exigences contenues dans son mémorandum du 25 février 2021 pour des élections libres , transparentes et apaisées , décide de se retirer purement et simplement du processus électoral pour ne pas avoir à servir de caution à la mascarade qui se prépare sur une grande échelle », a annoncé le parti de Saleh Kebzabo. 

Après la publication de la liste des candidats retenus ce 03 mars, sept des 17 candidats ont vu leurs candidatures invalidées. C’est le cas de Yaya Dillo Djerou, Baba Ladé, Succès Masra… 

Peu après, des voix se sont levées, sur les réseaux sociaux, avec pour slogan « pas d’élection sans Masra, Dillo et les autres. Deby doit partir ». D’autres candidats éligibles se rétractent. Il s’agit du candidat de l’Alliance Victoire Bongoro Théophile et Yorongar Ngarlejy, candidat du parti FAR. Pour ces derniers, « le climat actuel ne permet pas des élections transparentes et apaisées ». 

Tout tend vers un boycott électoral à la béninoise. Pour rappel, alors que le Président Patrice Talon, changeait les règles du jeu électoral à l’approche des élections législatives au Benin, la classe politique contre le régime de Talon a décidé de se retirer. Résultat : le parti au pouvoir est allé aux élections avec ses affidés. Chose inédite dans l’histoire de cette référence démocratique en Afrique francophone. La même chose pourrait se reproduire à la présidentielle le 11 avril (le même jour de la présidentielle au Tchad) où les principaux opposants sont écartés.  

Ne resteront que le Maréchal et ses acolytes ? 

Aux côtés du candidat du MPS, Idriss Deby Itno, seront Felix Nialbé, chef de file de l’opposition démocratique, par ailleurs « proche du pouvoir » selon d’autres membres de l’opposition, Beassemda Lydie, ancienne ministre de l’agriculture, Pahimi Padacket Albert, ancien Premier ministre, Alladoum Baltazar qui, selon certains opposants, serait manipulé par le pouvoir et Yombombé Théophile, ex-député du parti de Pahimi Padacket Albert. 

L´ancien Premier ministre Pahimi P. Albert avec le President béninois Patrice Talon, à N’Djamena

Pour les observateurs de la vie politique, « MIDI a arraché les épines qui le dérangent de ses pieds et part avec une opposition fabriquée sur mesure » pour la présidentielle d’avril 2021. « Toutes les conditions sont réunies pour des élections non-concurrentielles alors que dans un contexte démocratique, les élections doivent être libres et concurrentielles », assure Naissem Dominique, sociopolitiste. Il conclut que tout est « ok » pour la victoire « sans surprise » de MIDI. 

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