Malgré les nombreuses rencontres de dialogues, la situation socio-politique du pays n’évolue pas. Pourquoi ces assises ont-elles échoué ?

Depuis son accession à l’indépendance, Il y a plus de 61 ans, le Tchad a traversé des périodes de guerre et de troubles.  En dépit des rencontres de réconciliation, rien ne semble bouger. L’on assiste à un retour à la case départ. Les conflits fratricides se poursuivent, les dictatures s’enchainent. Et surtout les transitions répétitives. Depuis Ngarta Tombalbaye, indique l’historien Dr Dingammadji Arnaud, jusqu’à maintenant, tous les régimes qui se suivent sont de régime de transition.

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Il distingue deux facteurs qui expliquent l’échec des différents dialogues : les facteurs objectifs et subjectifs. S’agissant du premier facteur, l’historien cite  la conception même du dialogue par les dirigeants en place. « Depuis l’indépendance jusqu’à maintenant, le dirigeant en place adopte une position de hauteur et il se comporte comme le père de famille. Discutez de tout mais ne remettez pas en cause ma position », ironise-t-il.

Dr Dingammadji Arnaud évoque également la déviation ou la non application correcte des recommandations du dialogue par le pouvoir. « Souvent l’expérience a montré qu’ils appliquent dans leur intérêt. Et non dans l’intérêt général. Et cela frustre », déplore-t-il.

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Il y a aussi l’exclusion de certains protagonistes de la table du dialogue et de la réconciliation. « Le dirigeant en place choisit lui-même ses interlocuteurs. Parfois, ça pose problème ».

De même, l’on note les exigences irréalisables des opposants ; les raisons de sécurité et la question de l’ingérence extérieure.  

Quant aux facteurs subjectifs, il souligne la culture de la violence qui caractérise certains Tchadiens. « Certains pensent que quand on est violent, c’est un acte de bravoure. Et ils pensent aussi qu’aller négocier est un signe de faiblesse », explique l’historien.

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Il y a également la trahison des élites. « Ils font valoir leurs propres ambitions au détriment de l’intérêt général ». La mauvaise foi des uns et des autres. « Cela entraine le non-respect de la signature et de la parole donnée ». Le manque de confiance et de matériel. Lorsqu’il y a iniquité dans le partage du gâteau, il y a la création des rebellions. Elles deviennent un fonds de commerce. « On est rebelle, on rentre signer des accords pour avoir des postes. Et quand on perd sa place, on repart en brousse ».

« On a échoué, échoué, mais est-ce qu’on va encore échouer en 2022 ? », s’interroge l’ex-coordonnateur de la Maison des patrimoines culturels du Tchad (MPCT).

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