Déboutés par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de N’Djaména le 13 juin dernier de leur demande de liberté provisoire, les députés Saleh Makki et Malloum Kadre ont été auditionnés au fond par le juge d’instruction jeudi passé.

“Nous ne pouvons pas vous dévoiler ce qui a été dit. Nous sommes tenus au respect au secret de jugement. Tout ce qu’on peut vous dire, ce qu’ils ont été entendus au fond. Le juge d’instruction prendra une ordonnance qui déterminera la suite”, déclare Me Olivier ….., l’un du collectif des avocats, à sa sortie de la salle. Le dispositif sécuritaire renforcé lors de leur première audition est allégé ce 20 juin. La cour du palais de justice était quasi vide; seuls quelques justiciables déambulent çà et là. Il est onze heures et demie lorsque Malloum kadre (député du parti au pouvoir) est introduit devant le juge d’instruction dans une salle cadenassée. Son audition dure deux heures d’horloge. Quand l’heure de la prière de l’après-midi sonne, le député Saleh Makki (de l’opposition) demande à un policier, la permission d’aller prier. A peine une minute, on envoie le rappeler pour l’introduire à son tour, sans lui laisser le temps de communiquer avec son Dieu. Il ressort de la salle deux heures plus tard. Les deux élus du peuple remontent dans la Toyota Hilux double cabine en compagnie de deux policiers pour la prison. Leurs proches, venus nombreux leur apporter soutien moral et affectif, restent désemparés. Divergences entre avocats et clients Vendredi matin, sur les antennes de la Rfi, l’on apprend que les députés ont nié en bloc les faits qui leur sont reprochés, que Makki aurait avoué s’être entretenu une fois avec Moussa Tao (le présumé cerveau de la tentative de déstabilisation) au sujet d’un cas social. Une partie des avocats des deux députés, qui ont boycotté l’audition de jeudi, n’apprécient pas que leurs clients répondent aux interrogations du juge tant que l’immunité parlementaire n’est pas levée. L’un d’eux se dit surpris de voir des élus du peuple renoncer à un principe sacro-saint dont ils jouissent.  En attendant que le juge dise le droit au fond, les avocats avaient usé de la procédure de saisine directe en demandant, à la chambre d’accusation de la Cour d’appel de N’Djaména, la mise en liberté provisoire de Makki et kadre. Leur demande (sur la forme) était fondée sur l’irrégularité de la procédure (lire Ndjh N°1505). Mais, il y a une semaine, la Chambre a rejeté la requête, la jugeant “non fondée”, sans aucune motivation.

Boudina David

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