OPINION – Depuis le début de la crise sanitaire au Tchad, politiques et associations de la société civile multiplient les campagnes de sensibilisation. A N’Djamena, si le rôle de la société civile semble normal, le constat du côté des partis montre une récupération politique de la sensibilisation. Une campagne électorale avant l’heure ?

Ils sont députés, membres des partis politiques, leaders des mouvements de soutien politique, à s’accaparer de la sensibilisation autour de la lutte contre le nouveau virus corona.

Dans les rues N’Djamena, tout comme dans les provinces, les campagnes s’intensifient. Force est cependant de constater que ces campagnes, dans la manière où elles sont engagées, poussent à penser qu’elles ne sont pas menées pour le besoin de la cause : la lutte contre la pandémie du coronavirus. La thèse d’une campagne de sensibilisation aux relents politiques, une sorte de campagne électorale avant l’heure est fortement envisagée.

Les faits

Du 6e arrondissement en passant par le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, le constat est le même. Les politiques, pour la plupart, des députés se lancent dans la chasse aux électeurs. Les élections législatives sont imminentes et il est à penser que les honorables pensent déjà à briguer un autre mandat d’ici un an. Bien-sûr si enfin, les uns et les autres s’accordent sur de nouvelles dates de la tenue des élections.

Entretemps, la situation sociale de leur électorat reste fragile et exige des efforts réels pour son amélioration. Comme le dit un adage populaire, « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». C’est ce qui ressort du constat. En effet, la précarité de la vie des populations engendrée par la pandémie et toutes les mesures restrictives y afférentes, est un plat garni que les députés et autres politiques aux ambitions électoralistes se délectent.

Dès lors, peu importe la manière, chacun se saisit de l’occasion pour se montrer proche des populations. Une sorte de corruption mentale alors que depuis bientôt 10 ans, ces élus et hommes politiques ont oublié ceux qui, à travers leurs votes, les ont placés là-bas, au palais de la démocratie. Grâce au coronavirus, certains citoyens découvrent enfin qui les représente à l’Assemblée nationale. Ironique mais triste réalité d’un peuple abandonné par ses élus.

De l’escroquerie, on l’a su

L’utilisation des plateformes de sensibilisation ou l’accaparement du mérite de la distribution des vivres et des kits de protection, payés par l’argent du contribuable, pour battre campagne n’est-il pas juste une bassesse ? Du moins, une intox à la morale et aux valeurs humaines ?  Comment des hommes et femmes qui n’ont pu rien faire, il y a encore quelques mois, peuvent se réveiller du coup et sortir des millions de FCFA pour secourir des populations ? Rares sont ces députés qui le font avec leur propre argent. On le sait, les masques ou autres kits qu’ils distribuent tambour battant sont les biens de l’Etat, biens du peuple.

En tout cas, tout montre à croire que les acteurs politiques tchadiens donnent plus d’importance aux jeux de la communication, voire du marketing politique qu’à la peine des populations qui ne demandent qu’à avoir de quoi survivre.

Un appel à l’éveil et la vigilance des Tchadiens

Longtemps pris dans les magouilles et la duperie des politiques, la population tchadienne doit plus s’imprégner de la culture politique afin de dénicher le vrai de la farce. Et surtout, être très vigilante afin de ne pas tomber sous le coup de la propagande. Le recul et la retenue doivent être au rendez-vous pour que l’intérêt politique ne puisse pas surpasser la souffrance humaine en ce temps de pleurs et des gémissements.

Il est temps que l’humanité prime sur l’ambition politique.