POLITIQUE – Suite de notre interview avec le président du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (Rdp), Mahamat Allahou Taher. Il fait le point sur la transition actuelle et la position de son parti pour les échéances électorales qui suivront.

Mahamat Allahou Taher est sommé d’aller au congrès. Après quatre années, le natif du Kamen à la tête du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (Rdp), est tenu d’organiser le congrès ordinaire du parti qu’il dirige depuis 2017. Une assise fondamentale pour l’énarque de 64 ans. Elle sera peut-être la dernière pour lui. Une chose est sûre, l’ancien ministre du Pétrole compte bien challenger pour conserver son fauteuil afin de candidater pourquoi pas à la prochaine élection présidentielle  après la transition en cours. 


“Nous avons déjà un socle électoral qui pouvait nous permettre d’avoir des ambitions lors de prochaines élections”

— Mahamat Allahou Taher

Mais pour le numéro un du parti le soleil levant,  les priorités sont ailleurs : « il est très tôt de parler des élections. Nous nous focalisons sur la réussite d’abord de la transition », déclare l’homme, d’une voix calme.

« Nous avons des cellules, des fédérations partout dans le pays. Nous avons une base et une implantation électorale qui pourrait nous servir si les élections sont organisées. Pour l’instant, il est difficile de se projeter en ce moment parce que nous ne savons pas encore comment les élections vont s’organiser, avec quelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ? Avec quelle Loi électorale ? avec quel adversaire même en face ? on ne sait pas comment la classe politique va s’organiser. Nous restons bien sûrs prudents tout en ayant les yeux fixés sur les 18 mois », poursuit Mahamat Allahou Taher.

« Nous avons déjà un socle électoral qui pouvait nous permettre d’avoir des ambitions lors de prochaines élections, mais il serait imprudent de dévoiler tout de suite nos intentions. Nous ne sommes assoiffé du pouvoir pour le pouvoir. Nous ne sommes pas  absolument à la recherche d’une chaise. Il faut qu’on réussisse cette transition ensemble et nous verrons comment chaque parti, pourra exprimer ses ambitions et convaincre les Tchadiens », ajoute-t-il.  

Selon le président du Rdp, en quatre mois de transition impulsée par le Conseil militaire de transition, “il est difficile de faire un bilan compte tenu de la complexité de la situation du Tchad”. « La transition doit normalement durer 18 mois, mais il y a un doute dans l’esprit de beaucoup de gens sur ce délai. Est-ce que en 18 mois nous arriverons à tout organiser ? A achever la transition ? Est-ce que le conseil militaire va regagner les casernes après les 18 mois ? », s’interroge l’ex-ministre de la Fonction publique.


“Nous sommes là pour suivre les choses à l’intérieur comme à l’extérieur d’une manière vigilante”.

Mahamat Allahou Taher

« Nous continuons par agir par nos conseils pour que cette période soit une transition apaisée. Mais aussi que cette transition se fasse dans l’équilibre. Il ne faut pas que des forces politiques confisquent cette transition à leur profit, utilisent les moyens de l’État pour se préparer aux élections. Il faut que ça soit une transition neutre », tire-t-il la sonnette d’alarme.

« Nous souhaitons que ce dialogue soit bien préparé dans la transparence. Nous sommes là pour suivre les choses à l’intérieur comme à l’extérieur de manière vigilante. Et que ça débouche après un bon débat sur des orientations, des décisions, des résolutions importantes qui doivent apporter un changement dans ce pays », souhaite Mahamat Allahou Taher. 

Pour le président du Rdp, à l’issue du dialogue national, le Tchad doit se doter des institutions « réellement » démocratiques et équilibrées qui fonctionnent pour garantir l’unité du Tchad, la paix et la démocratie. « Des institutions ne peuvent pas être fondées sur un homme », déclare l’homme fort du Rdp.  

 Pour la première fois à travers ce dialogue, il faut faire en sorte qu’il y ait une différenciation entre un parti politique et un État. “Faire qu’à l’issue de ce dialogue, nous ayons des orientations claires sur le futur président. Nous sommes pour un dialogue global avec les Tchadiens. Et que les décisions se prennent par consensus. Si certains viennent imposer des institutions ou leurs points de vue, ce n’est pas un dialogue », conclut Mahamat Allahou Taher.