Les handicapé(e)s dénoncent le boycott de leur journée par les autorités publiques, qui ont brillé par leur absence à la 25ème commémoration qui s’est tenue à Koumra dans le Mandoul, du 5 au 7 février 2020.

C’est par le biais d’une lettre ouverte adressée au président Déby que les handicapé(e)s ont exprimé leur mécontentement. Depuis 5 ans, chaque année, les personnes handicapées du Tchad se regroupent pour célébrer leur journée nationale instituée depuis 1994 par le gouvernement. Initiative pour cette frange de la population de penser sa condition, depuis longtemps perçue par les personnes handicapées elles-mêmes comme une fatalité et par des nombreux Tchadiens comme une question charitable, pitoyable.

Rappel. Pour les personnes handicapées, cette messe nationale est primordiale. Elle leur permet d’éveiller leur conscience et amène leur communauté à changer leur approche négative de leur handicap qui leur prive de leurs droits, les plus élémentaires. Ce n’est pas pour elles, une mobilisation qui viserait un quelconque dessein. Loin de là. C’est une simple question des droits, une action de promotion de l’approche sociale de leur handicap où l’Etat et la communauté doivent s’unir pour et offrir aux personnes handicapées les mêmes opportunités d’insertion dans la vie active dont jouissent les tchadiens comme c’est le cas dans d’autres pays.

A la célébration de l’année précédente à N’Djamena, il était convenu avec le ministère de l’action sociale que la ville de Koumra accueille la 25ème édition. Le gouvernement avait même consenti à rehausser le budget alloué à la journée. Ce qui est fort louable. Hélas! Les délégations des différentes localités (Laï, Fianga, Doba, Mao, Mongo, Sarh, Bol, N’Djaména, Abéché, etc.) qui avaient participé s’étaient volatilisées. Pis encore. La commémoration qui est littéralement boycottée, voire sabotée par les autorités n’enregistre pas la représentation de son ministère de tutelle. Faux-fuyant : le ministère anime un atelier de préparation de la Senafet/JIF (Journée internationale de la femme) qui aura lieu plus tard, le 8 mars. A cause de cela, la journée de Koumra a été un raté. Les associations des personnes handicapées se questionnent : « est-ce normal pour une journée décrétée par le président, qu’il n’y ait aucune autorité pour représenter l’Etat ? 

La 4ème République se réclamant inclusive et respectueuse des droits humains, les personnes handicapées interpellent le président Déby sur leur situation, souvent traitée avec une légèreté effarante. La politique sociale et ce, en dépit de la ratification de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées sont difficilement applicables. Les personnes handicapées s’insurgent et condamnent :

  • Le fait que le ministère de la Femme, de la Protection de la petite enfance et de la Solidarité nationale considère ouvertement le handicap comme une question secondaire qui concerne que la ville de N’Djamena ;
  • Le mécanisme bien huilé savamment mis en  place par ledit ministère pour retarder le décaissement des fonds et attendre que la journée passe afin de faire autre chose avec ;
  • La fuite de responsabilité du ministère sous prétexte que les personnes handicapées ne sont pas unanimes.

Les personnes handicapées demandent aux autorités de prendre leurs responsabilités pour ne pas condamner la majorité au profit d’une minorité cantonnée à la capitale. Tout en souhaitant au président Déby de mettre un terme à cette injustice contraire à son programme de société.

BACTAR Frank I.