JUSTICE – Le monde a célébré le 10 décembre l’anniversaire de la déclaration universelle des droits l’Homme. Au Tchad, plusieurs affaires déchirent la chronique. Une question se pose : les droits de l’Homme sont-ils mis en veille ?

La journée internationale des droits de l’homme est célébrée chaque année dans le monde le 10 décembre. Cette date a été choisie pour honorer l’adoption par l’Assemblée générale des Nations-Unies et la proclamation le 10 décembre 1948 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Cette journée a été instaurée lors de la 317e séance plénière de l’Assemblée générale du 4 décembre 1950 par la Résolution 423 (V). Le thème de cette année est « les jeunes défendent les droits de l’Homme » et met en lumière le rôle primordial de la jeunesse dans les mouvements collectifs.

De l’interdiction de manifester au non-respect des procédures judiciaires

Au Tchad, la notion des droits de l’Homme est un choix chez les uns. Alors qu’ailleurs, elle est une obligation. Cela se manifeste par la violation flagrante des droits de l’Homme que vivent le Tchadien lambda. La Justice tchadienne dans sa logique, souvent contestée par les associations des droits de l’Homme et civils, se montre peu crédible, sinon pas à sa grande forme.

L’on se souvient comme si c’était hier, la restriction des réseaux sociaux, qui est une violation des libertés publiques d’expression ; la séquestration du jeune Mbaiguedem Richard dans les locaux de la Police du 6e arrondissement ; les multiples manifestations pacifiques réprimées dont la dernière est celle des victimes d’Hissein Habré devant le lycée Félix Eboué ; les cas de viols impunis, la violation du droit d’aller et de revenir, pour ne citer que ces quelques cas.

Vers une veille des lois protégeant les citoyens ?

Interrogé à ce sujet, Me Max Loalngar, avocat et militant des droits de l’Homme ne mâche pas ses mots. Pour lui, depuis bientôt trois ans, « les libertés les plus fondamentales dont le droit de manifester, d’aller et de revenir, n’est accordé sur le territoire national si ce n’est qu’à une portion du régime ».

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Il est pour lui d’ajouter que la situation de Mahamat Nour est une illustration la plus récente. « Les manquements ayant entaché les procédures de son arrestation et de sa détention posent un problème. Sur ce point, on peut dire que les droits de l’homme ne sont pas observés. Bref, le dicton du chien aboie et la caravane passe reste d’actualité parce que même ayant ratifié les grands instruments des droits de l’Homme, l’exercice de ses lois s’heurte à des pesanteurs. »

Avis pleinement partagé par Me Benjamin Mamgodibaye, avocat. Concernant le dossier Mahamat Nour Ibedou, l’avocat au tribunal de N’Djamena dénonce le non-respect des procédures pénales. Comme lui, tant d’autres citoyens tchadiens qui sont écroués sans respect d’une loi pénale.  « Prenons seulement la garde-à-vue. La loi prévoit 48 heures renouvelables une seule fois mais il y a des gens qui font plus de dix jours en prison. Et quand on se réfère au procureur de la République, il te donne une réponse en disant que c’est l’enquête donc il faut laisser l’officier de justice faire son travail. »

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La non-application du code de procédure pénal est un fait marquant.  Le respect de celui-ci doit être basique. Mais si cela ne l’est pas, parlerons-nous encore des droits de l’Homme. En tout cas, les droits de l’Homme au Tchad, sont, comme on le dit vulgairement, de la poudre aux yeux. Et ce, malgré les rapports des Organisations internationales qui félicitent le Tchad pour les progrès faits dans ce domaine.