La tension monte entre le maire de la commune du 1er arrondissement et ses conseillers. Ces derniers accusent tantôt l’édile d’avoir détourné l’argent qu’il devrait verser à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), tantôt de mauvaise gestion de la municipalité à travers la liquidation de ses terrains . Des accusations que le maire balaie d’un revers de main.

Mercredi, 30 décembre 2020. Il se tenait ce jour la session d’examen du budget remanié de la commune du 1er arrondissement. Des gendarmes et policiers municipaux étaient alors mobilisés pour filtrer l’entrée. Ils fouillent systématiquement toute personne qui entre dans la salle de réunion. Il y a même des conseillers qui s’étaient vu refuser l’accès à la commune, apprend-on. Tout était fait sur mesure, lance un conseiller. C’est dans ce climat de suspicion que la session s’ouvre. Après le mot d’ouverture de l’administrateur délégué auprès de la commune, une motion a été demandée par un représentant de la commune, mais elle a été rejetée. Après des débats houleux, le budget n’a pas été adopté. Le maire lève la séance.

La pomme de discorde

Selon nos informations, en date du 21 juin 2020, 20 conseillers municipaux  de la  commune se sont réunis et ont écrit au maire pour la tenue d’une session extraordinaire pour débattre des questions  relatives à la gestion de la commune. Une demande qui n’avait pas eu de suite favorable.

Selon les conseillers contestataires, les cotisations patronales des employés de la mairie à la CNPS (74 employés sont déclarés et 71 non déclarés pour un total de 145 employés) estimées à 200 millions n’ont pas été versées par la mairie. Ils reprochent également au maire son manque de collaboration; le non-respect des textes et lois; des malversations financières et la non-application des décisions prises en session par les conseillers; la non-tenue de la session extraordinaire, etc.

Normalement, le budget doit être remanié à mi-parcours en juin ou juillet, ou être débattu en session extraordinaire, indique un conseiller. 

Lors d’un point de presse fait le 10 janvier 2021, le conseiller municipal et rapporteur adjoint de la commission finances de la commune, Cheik Haroun Cheik, réitérait ces accusations. « Nous nous acheminons vers la fin de la mandature, et nous n’avons jamais réussi à tenir une réunion constructive ou prospective avec notre exécutif communal sur la gestion des affaires de la commune. Plusieurs parcelles de terrains et réserves appartenant à la commune avant le début de notre mandature ont disparu, aucun franc n’a été déposé dans la caisse de la mairie », dit-il.

Le maire se justifie

Le maire Djibrine Mahamat Abdelkrim a tenu à rappeler qu’il est élu le 28 novembre 2018. Alors que, dit-il, la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) demande les cotisations de 2014 à 2020 selon un document de contrôle de la CNPS de 2020. « Nous avons combien d’agents d’abord pour une cotisation de plus de 150 millions de FCFA ? Le 3,5% du salaire du personnel durant 6 ans, est-ce que ça va aller à 150 millions?», s’interroge-t-il.

Pour le maire, la commune est composée des fonctionnaires de l’État, des contractuels et des employés saisonniers. ”Alors les conseillers n’ont pas compris. Aujourd’hui nous sommes plus de 200 employés, et ce ne sont pas toutes ces personnes qui vont être déclarées à la CNPS”, fait-il remarquer.

Djibrine Mahamat Abdelkrim s’inscrit en faux contre ces accusations. A l’entendre, les conseillers ”cherchent sa tête”. « Il y a un conseiller qui a envoyé quelques conseillers me demander de laisser ma place comme j’ai duré à la mairie. Je leur ai fait comprendre que ce n’est pas de cette manière qu’on procède. Après, lui-même m’appelle en me disant que ses collègues sont venus le trouver alors qu’est-ce que je pense. J’étais une fois de plus catégorique. En fin, le monsieur est revenu physiquement me demander qu’il est conseiller pour devenir un jour maire et le moment est venu. Sinon, comme les élections législatives s’approchent, je dois envoyer son nom seulement. Chose que j’ai refusé. C’est à partir de là que les problèmes ont commencé. Il a mobilisé quelques conseillers contre moi », explique-t-il.

Ousmane Diarra