INTERVIEW-Le pré-dialogue pour négocier la paix entre le gouvernement tchadien et les groupes rebelles s’est ouvert ce 13 mars à Doha au Qatar. A quoi doit-on s’attendre? Quel sera l’après pré-dialogue? Le politologue Ahmat Mahamat Hassan répond à ces questions.

Que peut-on attendre du pré-dialogue des politico militaires qui s’est ouvert ce jour?

Le dialogue qui s’ouvre aujourd’hui est une réussite pour le conseil militaire de transition. L’objectif est atteint pour lui pour légitimer son pouvoir. Mais cela n’a rien à voir avec le Tchad et son peuple. Mais les deux acteurs trouvent leur compte.

Le changement du médiateur à la tête du comité technique de négociation aura-t-il d’effet sur les pourparlers ?

Des politico-militaires sont des gens qui ont beaucoup du respect pour le patriarche Goukouni Weddeye pour une vraie réconciliation. Mais cette fois-ci ce qui est en train de se faire avec le ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre risque d’être de cosmétiques. Pourquoi? Parce qu’on a deux groupes. Le premier c’est le conseil militaire de transition qui est dépourvu de légitimité, et qui fonde son pouvoir sur la donne sécuritaire d’où l’argumentaire du dialogue. Par tous les moyens il faut réussir cela pour justifier son existence et le prolongement de la transition.

De l’autre côté, il y a des politico-militaires. Il y a une panoplie de politico militaires qui n’ont pas de troupe sur le terrain. C’est des appellations et sigles, leur leaders sont des émigrés tchadiens qu’on appelle la diaspora soit en France, en Europe ou au Canada. Pour la plupart, il n’ y a pas de troupe sur le terrain. Cela pose un problème. Ce dialogue risque d’être un arrangement où on se comprend très bien. Un gouvernement qui a besoin de légitimité et donc on va lui en donner en disant que nous sommes arrivés et qu’ils ont réussi à faire la paix. Mais des politico-militaires qui vont avoir des places dans le gouvernement, l’administration et quelques indemnités comme dans le passé et cela va ressembler à un ralliement. Et de l’autre côté, des Tchadiens attendent un vrai dialogue mais cela ne se tiendra pas, malheureusement c’est pas pour demain.

Quel sera l’après pré-dialogue des politico militaires?

Le pré-dialogue va aboutir à des accords qui sont préparés d’avance. Et ils vont venir faire un simulacre de dialogue inclusif. Se serait un séminaire de sandwich que les gens se partageront, mais on ne fera rien de bon.

Comment envisager la suite de la transition ?

Le problème est que la transition va toujours continuer à prendre le peuple tchadien à l’envers par des raisons sécuritaires. Tout ce que vous entendez, problème de Sandana, Abéché ce sont de prétextes sécuritaires, et c’est pour justifier la présence du Conseil militaire de transition. Il faut retarder pour ne pas aller à une vraie réconciliation de coeur et des esprits, y compris une dévolution du pouvoir par la volonté du peuple tchadien. Non! On n’est pas prêt pour ça. Toutes les cartes sont sur la table, y compris l’option militaire qui va continuer