SOCIÉTÉ – Le dernier affrontement violent et meurtrier survenu à El-Geneina (au Soudan) le 29 décembre 2019 entre Arabes et Massalites a causé une vague de déplacement interne du côté du Soudan et un afflux vers le Tchad. Le HCR en collaboration avec le gouvernement et ses partenaires organise la réponse à cette crise.

Les populations ayant fui pour chercher refuge au Tchad sont en majorité des Massalites. D’autres ethnies (Zaghawa, Gourane, Mimi et Ouaddaï) ayant été mis au courant des affrontements disent avoir fui la situation sécuritaire volatile de manière préventive vers le Tchad. C’est le cas de Hawa Seini Ahmat (rencontré sur le site d’Adré) venue d’Adikong (de l’ethnie Mimi), un village soudanais situé à 5 km de la frontière avec le Tchad : « j’ai fui de manière préventive en voyant les populations venues d’El-Geneina se diriger vers Adré ». Zenaba Madouba, 23 ans, veuve, est venue de El-Geneina avec son fils de deux ans à dos d’âne après 3 jours de route. « J’ai vu mourir mon mari à la suite de ses blessures à coup de couteau sur sa tête et à l’abdomen. La seule solution pour moi était de quitter El-Geneina et chercher refuge au Tchad », témoigne-t-elle en larmes.

Ces réfugiés sont arrivés en plusieurs vagues successives et sont éparpillés dans plusieurs villages situés dans le département d’Assoungah ayant pour chef-lieu Adré à 170 kms d’Abéché chef-lieu de la province du Ouaddaï (Est du Tchad) et 50 km du bureau de le Sous-Délégation du HCR à Farchana. Adré est situé à 2 km de la frontière avec le soudan et 34 km d’El-Geneina.

Au 18 janvier 2020, 6 326 personnes se sont fait fixer un bracelet à la main gauche ou au pied gauche pour les enfants de 1 à 2 ans. Cet exercice qui vise à faciliter le pré-enregistrement tout en minimisant les risques de fraudes s’est déroulé du 16 au 17 janvier 2020. Le HCR, l’agence des Nations-Unies pour les réfugiés va débuter le pré-enregistrement le 20 janvier et l’opération devrait durer quelques jours pour avoir des données fiables pour une meilleure planification des interventions à leur endroit. Parmi les personnes déjà présentes dans les villages, sites et à la frontière, plus de 90% sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Le HCR et son partenaire gouvernemental la CNARR (la Commission Nationale d’Accueil et de Réintégration des Réfugiés et Rapatriés), le PAM (Programme Alimentaire Mondial), l’UNICEF et les autres acteurs humanitaires opérant dans la Sous-Délégation de Farchana s’activent depuis plus de deux semaines à intervenir en urgence dans les domaines de la santé (contrôle médical et vaccination), de la sécurité alimentaire, Wash (Eau, Hygiène et Assainissement), de la protection de l’enfance et NFIs (articles domestiques); la mobilisation des moyens nécessaires pour débuter en toute urgence, le transfert des réfugiés dès l’octroi d’un site ou d’un camp par les autorités tchadiennes pour accueillir ces nouveaux réfugiés.

En rapport avec cette urgence, une mission de haut niveau initiée par le chef de la Sous-Délégation HCR Farchana a réuni les agences des Nations-Unies, les partenaires humanitaires et les chefs de services déconcentrés de l’Etat autour du gouverneur de la Province du Ouaddai le 16 janvier 2020 à Abéché. Au cours de cette mission, Abdou Mahamat Dango, chef de la Sous-Délégation HCR à Farchana a salué la compréhension et la solidarité manifestées par les autorités et les populations tchadiennes à l’endroit de ces nouveaux réfugiés malgré la fermeture de ses frontières. Le gouverneur de la province du Ouaddai Ramadan Erdebou a félicité le HCR pour son appui au gouvernement pour la protection des réfugiés. « Les autorités administratives de la province vous apporteront tout le soutien nécessaire pour la gestion de cet afflux », avait-t-il indiqué.

La coordination de cette urgence sur le terrain est assurée par le HCR dans l’esprit du Cadre d’Action globale pour les réfugiés afin de faciliter l’accès aux services, d’éviter la duplication des actions et d’utiliser de façon efficace les moyens disponibles.