Le Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1 er juin 2021 (composé de personnalités dont d’anciens ministres, universitaires…), la plateforme Wakit Tamma (formée de partis politiques, syndicats, associations, artistes, etc.) ainsi que cinq autres associations et partis politiques ont signé ce mardi 31 août au CEFOD une déclaration dénommée « Déclaration des organisations tchadiennes pour une transition inclusive de toutes les forces vives de la nation ».

Cette déclaration structurée en dix points résulte, selon ses initiateurs, du fait que « les nécessités du moment commandent à l’unité de toutes les forces vives dans une déclaration commune pour mieux se faire entendre ». Car, selon Bedoumra Kordjé, président du Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1 er juin 2021 (GRA-Appel), « il y a des inquiétudes persistantes sur le dialogue inclusif sincère et la voie apaisée pour sortir définitivement les Tchadiens de la crise multidimensionnelle qu’ils vivent ».

Bedoumra Kordjé justifie ces inquiétudes par cinq faits notamment :

  • « Le forcing » visant à mettre en place de façon « unilatérale » par le CMT (Conseil militaire de transition au pouvoir) de tous organes de transition ;
  • le refus de modifier la charte de transition avec comme corollaire le renouvellement possible de la transition et la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du seul président du CMT ;
  • le « refus » d’accepter la Conférence nationale inclusive et souveraine (CNIS) comme seul cadre pertinent de dialogue entre tous les fils du Tchad ;
  • « La volonté manifeste » de proroger le délai de la transition sous le « prétexte fallacieux » du défaut des financements. Alors que « tous les faits révèlent de façon criarde, pour les quatre mois passés de transition, la mauvaise gestion et allocation des ressources humaines, matérielles et financières de l’Etat » ;
  • le silence « inquiétant » de l’Union africaine depuis plus de quatre mois. Tandis que la communauté internationale qui semble s’aligner derrière l’Union africaine est, à son tour, « curieusement frappé d’inertie ».

C’est au vu de ce constat que les signataires de la déclaration estiment que tel que la transition est menée, « l’aspiration légitime des Tchadiens à un Etat démocratique et apaisé est en train d’être dévoyée ». D’où, selon eux, il faut une Conférence nationale inclusive et souveraine (CNIS), « cadre idéal, d’inclusion, de compromis et de consensus qui garantit la participation équilibrée et représentative de toutes les forces vives de la société tchadienne sans exclusion ». L’organe chargé d’organiser la CNIS devrait, souligne la déclaration, être composé de personnalités indépendantes et de la société civile. Les acteurs politiques « auront le loisir de s’exprimer à la conférence et faire leurs propositions » et non « encombrer l’organisation avec leurs représentants ».

Appel à une Conférence nationale inclusive et souveraine

Les signataires exigent la participation obligatoire des politico-militaires à la CNIS. D’où, il faut un cessez-le-feu immédiat. Ils indiquent que la CNIS aura la légitimité d’adopter la charte pour la suite de la transition, de nommer les organes de transition et de tracer les grandes lignes de la Constitution et des lois électorales. Mais avant,  ils invitent le CMT à amender l’actuelle charte pour y inclure la CNIS.

Les signataires appellent enfin tous les partenaires du Tchad à soutenir cette déclaration pour « un vrai dialogue au Tchad ».

Le président du GRA-Appel du 1er juin, Bedoumra Kordjé et le coordonnateur de Wakit Tamma, Me Max Loalngar se sont réjouis de la signature de cette déclaration commune et appellent les responsables d’autres organisations à la signer. Ils soulignent que c’est un cri de cœur, un appel à la raison lancé aux uns et aux autres à se ressaisir pour trouver des solutions qui permettent au pays d’aller de l’avant.