Au Tchad, le ministère de la Bonne gouvernance a déposé plainte contre l’ancien garde des Sceaux, après une mission de contrôle de la gestion de fonds alloués par la présidence. Il accuse Jean-Bernard Padaré d’avoir détourné 5 millions de francs CFA sur les 10,2 millions qui devaient servir au financement de l’archivage et de la conservation des documents de la DDS, la police politique d’Hissène Habré. Ses avocats parlent de règlement de comptes

En septembre 2013, Jean-Bernard Padaré, alors ministre de la Justice, demande à la présidence des fonds pour mettre de l’ordre dans les archives de la DDS. Mais c’est sur les fonds propres du ministère, normalement alloués au pool judiciaire chargé du dossier Habré, que les cinq millions en question ont été pris.

Dans l’entourage de l’ancien garde des Sceaux, on justifie en affirmant que les fonds alloués par la présidence ont tardé à être versés. Jean-Bernard Padaré a dû débloquer des fonds en urgence pour payer le prestataire de services et a remboursé ces cinq millions une fois l’argent versé par le palais.

Ce n’est pas l’avis du ministère de la Bonne gouvernance qui, après audition de l’ancien garde des Sceaux et malgré les pièces justificatives qu’il a pu apporter, a décidé de déposer plainte. Dans un premier temps et selon le communiqué rendu public par le ministère lui-même, mardi 11 février, il était question de déposer plainte pour détournement et pour corruption.

L’accusé dément ces accusations et ses avocats dénoncent un réglement de comptes. Me William Bourdon envisage de venir défendre l’ancien ministre et se dit prêt à mobiliser les ONG : « Je connais son intégrité. Il est respecté en Afrique pour son intégrité, sa probité. Tout ça pue à plein nez le réglement de comptes et la volonté de lui nuire. Il a été éjecté du gouvernement dans des conditions troublantes en décembre 2013. Est-ce que c’est son talent, son intégrité ? Vous savez, dans certaines parties du monde, l’honneteté intellectuelle n’est pas forcément un avantage. »

Enregistrement audio

A l’origine de ces soupçons, un enregistrement audio qui a circulé sur Internet d’une conversation attribuée à Jean-Bernard Padaré et au directeur du cabinet civil du président de l’époque lors de la remise des fameux 1,2 million de francs CFA. Ahmad Mahamat Bashir a, lors de son audition, démenti avoir eu cette conversation et demandé une part de l’argent à son interlocuteur.

Jean-Bernard Padaré a au contraire affirmé l’avoir enregistré lui-même. Toujours est-il qu’Ahmad Mahamat Bashir n’est pas inquiété et que l’accusation de corruption ne figure pas sur la plainte concernant l’ancien garde des Sceaux.

Source: RFI