Les artistes et activistes détenus depuis le 25 avril pour avoir bravé l’interdiction de manifester ont été déférés brièvement ce 26 avril au parquet de N’Djamena.  Constatant l’absence du procureur en charge de l’affaire, les éléments de la police judiciaire les ont ramené à la Coordination et ont refusé de les ramener de nouveau au parquet.

L’incompréhensible

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djamena ferait face à un refus des autorités policières de lui présenter les jeunes activistes arrêtés lors de la manifestation du 25 avril. Selon nos informations, le commissaire de police en charge de l’affaire a reçu un appel lui intimant l’ordre de ramener les 13 prévenus à la police judiciaire alors qu’il se trouvait déjà devant le bureau du procureur. Aussitôt, l’ordre est exécuté : les prévenus ont été ramenés à la police judiciaire. Entre temps le procureur était absent du parquet.

Le bras de fer

A son arrivée, le procureur en charge de l’affaire, Youssouf Tom, a appris curieusement que les prévenus ont été ramenés à la coordination de la police judiciaire. Chose qu’il n’a pas comprise. Malgré son insistance que les artistes et activistes lui soient présentés, les patrons de la police ont fait sourdes oreilles. Une source très proche de la police informe que la hiérarchie a donné l’ordre de ne pas ramener les 13 prévenus au parquet.

Contre toute attente, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djamena, Youssouf Tom, a quitté son bureau ce vendredi à 14h malgré que c’est une journée courte, dans l’espoir que les jeunes soient déférés. Pourquoi la police a refusé d’obtempérer aux injonctions du procureur demandant que les prévenus lui soient ramenés? Cette attitude des patrons de la police suscitent tant d’interrogations et là il y a anguille sous roche.

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Plusieurs observateurs ont déduit que le comportement des patrons de la police est de maintenir ces jeunes activistes en détention durant le week-end sachant que l’administration tchadienne ne s’ouvre  pas ouverte le samedi et le dimanche.

Les avocats de ces 13 activistes eux aussi s’interrogent sur le comportement de la police qui empêche même aux parents de visiter les détenus. Un défenseur des droits l’homme s’est vu refuser de visiter les détenus à la coordination de la police judiciaire pourtant le procureur l’a autorisé à le faire. Les éléments en faction lui ont clairement signifié avoir reçu instruction de ne laisser personne visiter les jeunes.

Pour le bureau Afrique centrale d’Amnesty international, ces manifestants n’auraient jamais dû être arrêtés au motif d’une interdiction qui n’est pas fondée. « Ils sont des prisonniers d’opinion et nous appelons les autorités tchadiennes à les libérer immédiatement et sans condition. Il est important que les autorités témoignent d’une réelle volonté dans la pratique à respecter et protéger les droits humains », a écrit Tity Agbahey, chargée de campagne pour l’Afrique centrale à Amnesty international.

En attendant de voir les 13 jeunes se faire présenter au parquet, devant la coordination de la police judiciaire, une dizaine de jeunes se sont postés en solidarité avec les prévenus.