MANIFESTATION- Prévues les 04, 05, 06 et 07 de ce mois à N’Djaména et dans les autres provinces du pays, les marches des partis politiques, des associations de la société civile et de certaines associations sont strictement interdites par le ministre de la Sécurité publique et de l’immigration par un arrêté signé ce 1erfévrier. Un acte  qui ne dissuadent pas les organisateurs de ces marches.

A moins de deux jours de ces marches annoncées, les forces de l’ordre se positionnent sur quelques grands axes de la ville. Le parti d’opposition Les Transformateurs, le mouvement citoyen le Temps, la dynamique Stop Ça Suffit et l’association des diplômés sans emploi ont annoncé la tenue d’une marche dite « marche du peuple ».  Selon les initiateurs, c’est pour barrer la route au 6ème mandat du président Idriss Deby Itno. Les marches sont prévues pour le 4, 5, 6 et 7 février.

Pourtant, le ministre de la Sécurité publique a, par un arrêté signé le 1er février, interdit la tenue de ces marches. Une décision que les organisateurs de ces marches ne partagent pas. C’est ce que dit Avenir de la Tchiré, porte-parole de la dynamique Stop Ça Suffit. « Nous sommes des légalistes, nous ne venons pas avec des armes, pas avec du feu, nous venons mains sur la tête. Nous tenons vraiment à cette marche car nous ne voyons pas en quoi cela va troubler l‘ordre public. Il est du devoir et de la responsabilité des forces de l’ordre de protéger tous ceux qui manifestent. Il veut encore briguer un mandat pour faire 36 ans. Alors l’interdiction du ministre constitue un non évènement pour nous. Ça n’a aucune base légale et donc nous allons sortir. Quitte à ce qu’ils nous répriment comme ils ont l’habitude de le faire. Cette fois-ci, nous ne réculerons plus.  C’en est de trop. »

Du côté du parti les Transformateurs, le président Succès Masra, estime que le ministre de la Sécurité n’a pas de raison d’interdire cette marche car : « même la constitution nous autorise à résister et à désobéir à tout ce qui est injuste. Le préambule de notre constitution réfute toute forme de confiscation de pouvoir. Ce n’est pas la première fois que le ministre interdit des marches et cette interdiction constitue une des raisons de notre marche pacifique. Cela ne nous effraie pas puisque nous revendiquons le droit. La liberté ça s’arrache, ce qui nous donne le courage de tenir cette marche. Nous devons faire honneur à cette phrase de notre hymne ’’débout et à l’ouvrage’’. J’en appelle à tous les Tchadiens de se lever et marcher avec nous».

Visiblement, les têtes d’affiches de ces marches durcissent leurs positions face à l’interdiction du ministre de la Sécurité. Les diplômés sans emplois ne sont pas en reste. Aimé Aissadji Bona, l’un des leaders de la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique suggère ceci : « Si le gouvernement veut qu’on sursoie à cette marche pour pouvoir entamer encore d’autres dialogues, il nous faut des résultats concrets, c’est-à-dire des arrêtés d’intégrations sinon, je ne vois pas quelle raison pourra nous arrêter. Le fait d’être diplômé sans emploi même déjà c’est une forme de répression psychologique donc pourquoi avoir peur du châtiment physique ? ».

Rappelons que, c’est la énième fois que des manifestations pacifiques envisagées par des organisations de la société civile, les partis politiques d’opposition, les associations des jeunes et bien d’autres, sont interdites au Tchad par les autorités en charge de la sécurité.