N’DJAMENA, 8 mai (Xinhua) — Les auteurs et complices de la tentative de déstabilisation des institutions de la République du Tchad, maîtrisée le 1er mai par les forces de défense et de sécurité du pays, doivent répondre de leurs actes devant la justice, a déclaré mercredi le président Idriss Déby Itno.

“Pourquoi, c’est à ce moment précis où le pays a besoin de sortir de la pauvreté qu’on a préféré revenir en arrière? Pourquoi au moment où nous nous sommes engagés pour faire du Tchad un pays émergent qu’une poignée de nos compatriotes a voulu créer de désordre dans le pays? Pourquoi?”, s’est interrogé le chef de l’Etat tchadien, en présence des chefs des partis politiques, des responsables des organisations de la société civile et des présidents des grandes institutions de la République réunis dans son palais.

Il a salué le travail fait par les forces de défense et de sécurité et qui a permis de mettre hors d’état de nuire les conspirateurs, pris selon lui en flagrant délit, les mains dans le sac avec des preuves accablantes.

“Nous les avons mis à la disposition de la justice. Elle fera son travail avec sérénité pour faire la lumière sur la situation. La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur. Ceux qui ne se reprochent de rien seront relaxés conformément à la loi”, a indiqué le président Déby Itno.

Il a ajouté qu’aucun Tchadien n’est au dessus de la loi, fut- il journaliste, homme politique ou simple citoyen lambda. “Il n’y a pas une justice à deux vitesses au Tchad. Le gouvernement n’acceptera jamais qu’on mette en mal la stabilité du pays”, a-t- il affirmé.

Evoquant les événements du 1er mai dont il s’est dit surpris, le président Déby Itno a réfuté la qualification de coup d’Etat. ” C’est une conspiration à l’image des printemps arabes. Un coup d’Etat on le fait avec des armes et l’armée. Or, je n’ai pas vu un seul homme armé qui conspirait avec ce groupe”, a-t-il estimé.

Depuis l’annonce de la tentative de déstabilisation du Tchad, plus d’une demi-douzaine de personnalités civiles et militaires ont été mis aux arrêts, dont les députés Saleh Maki, de l’opposition, et Mahamat Malloum Kadre, du Mouvement patriotique du salut (MPS, le parti du président Déby au pouvoir depuis 1990 à la faveur d’un coup d’Etat).

Mardi, le ministère de la Justice a demandé au bureau de l’Assemblée nationale la permission d’auditionner quatre autres députés: Saleh Kebzabo, Gali Gatta N’Gothé, Ngarléjy Yorongar et Routouang Yoma Golom. Autre le dernier qui est un élu du parti au pouvoir, les trois autres sont les leaders de l’opposition démocratique tchadienne.

“La négation, la conspiration, le dénigrement ne doivent pas être le rôle d’une opposition crédible. Le Tchad est libre et souverain”, a martelé le président Déby Itno, invitant les colporteurs des allégations qui affirment que cette action est orientée vers l’opposition à cesser leurs basses besognes.

La sortie du chef de l’Etat tchadien intervient une semaine après la tentative de déstabilisation; il se trouvait depuis quelques jours à l’Est du pays au moment des faits et ne s’est pas empressé la capitale une fois la conspiration déjouée.

Le 27 avril dernier, le président Déby Itno a déclaré que des “mercenaires”, à savoir des opposants tchadiens hostiles à son régime, s’organisent à Benghazi, en Libye, pour attaquer son pays.