SOCIÉTÉ – Avec les premières pluies, l’axe qui relie le quartier Atrone à Abena s’est transformée en une flaque d’eau. Les habitants de ce quartier sont contraints d’utiliser les pirogues pour sortir desdits quartiers. Tchadinfos.com fait le constat de la situation.

Cette histoire peut paraître surprenante mais pourtant elle est le vécu saisonnier des habitants des quartiers Abena et Atrone. Nous sommes sur la grande voie qui traverse le marché d’Abena et mène aux quartiers Atrone, Gassi, Ambata. Cet axe, avec les premières pluies de cette saison, s’est transformée en un bassin de rétention empêchant ainsi la libre circulation des biens et personnes dans ces quartiers. Pour remédier à cette situation de blocus, les pirogues sont utilisées pour desservir ce quartier. Voilà la surprise. Car, personne ne peut penser qu’en plein cœur de N’Djamena, la future vitrine de l’Afrique centrale, une telle situation se fait vivre.

Une situation qui ne date pas d’aujourd’hui

À première vue, l’axe occupé par l’eau ressemble à un bassin de rétention ou un fleuve sans ruissellement. C’est la seule grande voie qu’empruntent habituellement les habitants, pour aller à leurs occupations respectives. Ce tronçon mesurant d’à peu près deux kilomètres est inondé par l’eau faute des canalisation. D’où aucune personne ne peut le traverser à pied ou en engin. Pour traverser cet axe, il faudra au minimum dix minutes de navigation ou contourner le quartier qui durera près d’une heure et demie.

Bassins de rétention ou marigot occasionnel? Les habitants de ces quartiers sont contraints d’emprunter les pirogues pour se déplacer. Selon les témoignages, c’est depuis plus de 10 ans que les populations de ces quartiers vivent ce calvaire chaque saison des pluies. Le quartier Atrone situé dans la capitale tchadienne, est l’un des 7 premiers quartiers les plus peuplés de N’Djamena. Il est l’un des quartiers les plus enclavés à chaque saison de pluie.

Un service en même temps un gagne-pain

Dès 5 heures du matin, les quatre piroguiers se placent de tous les deux côtés de la rive. Chaque piroguier a son apprenti. Pour se faire embarquer pour la traversée, le passager est appelé à payer une somme de 100 francs CFA. Donc un aller-retour coûte 200 francs. C’est dans une concurrence que le service se déroule. Chacun piroguier accueille avec courtoisie ses clients dans son embarcation.

Adiel Kama est l’initiateur de cette activité. Il est connu de tous les riverains. Il suffit de le siffler par le pseudo ‘’asso’’ comme associés ou potentiels clients. Ses asso s’affluent vers ses pirogues. En cas de débordement, il propose à ses fidèles clients de monter avec un autre piroguier ou de l’attendre s’ils ne seront pas en retard à leur service.   Adiel Kama dit avoir initié cette activité depuis 2004 avec seulement une pirogue. Mais aujourd’hui, ils sont à quatre pirogues sur l’axe. Il est actuellement assisté par un groupe de cinq personnes pour ce service de désenclavement dans le quartier.

Adiel Kama, l’initiateur de la traversée par pirogue

Les riverains déplorent le manque d’assistance des autorités.

C’est depuis plus d’une décennie que les habitants du quartier Atrone sont confrontés à ce genre de situation. Depuis 15 ans, ils utilisent que les pirogues pour effectuer sortir du quartier. Selon Maguira Abbas, habitante du quartier, la situation est intenable. « C’est avec difficulté que ma famille et moi dépensons 1000 francs par jour pour nos déplacements. Si cette somme s’ajoute à notre ration, nous serons à l’aise. En plus de cela, nos enfants sont exposés à plusieurs maladies graves. » Certains habitants affirment être oubliés par les autorités.

En attendant que les yeux des autorités ne s’ouvrent sur cette situation, les piroguiers rendent à leurs compatriotes enclavés en plein cœur de la capitale et en même temps gagnent leur pain à travers cette activité.