La réaction qui a fait couler tant d’encre depuis l’annonce de l’adoption de la loi fondamentale révisée est celle de la Conférence Épiscopale du Tchad (CET) qui demande une consultation référendaire. Plusieurs associations de la société civile ont levé le voile pour donner leurs positions. Certaines pensent que la réaction de la CET est logique. D’autres trouvent que le processus actuel est légitime du point de vue de la loi. A la veille de cette journée historique, nous vous proposons un retour sur les différentes positions.

Lors d’un point de presse organisé le 26 Avril 2018, le président du Collectif des associations des droits de l’homme (CADH), Banadji Boguel Pyrrhus a qualifié le processus d’adoption de la nouvelle constitution comme un coup d’Etat constitutionnel. « Le CADH dénonce et condamne vigoureusement ce braquage constitutionnel et un passage en force savamment orchestré au mépris de plus de 14 millions de Tchadiens qui ne sauraient être représentés par quelques 800 participants au forum ».

« Cette constitution-là ne passera pas le 30 », c’est la position des mouvements citoyens et les artistes exprimée par Nadjo Kaïna le 28 avril 2018 au cours d’un point de presse à la Maison des médias. Ils approuvent la déclaration du clergé catholique et s’opposent au processus de changement de constitution en cours.

L’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP) quant à elle, a publié un manifeste contre le projet de nouvelle constitution. Pour son président Max Kemkoye, le manifeste a pour objectif de mettre en relief les caractères dangereux de cette nouvelle constitution et de souligner ses incongruités juridiques.  Par ce document l’UDP réclame le droit du peuple tchadien, seul habilité à adopter une nouvelle constitution.

Un processus jugé legal par ses défenseurs

L’AJURND pour sa part appelle le peuple tchadien à la vigilance. « Le régime parlementaire de l’adoption du projet de la loi constitutionnelle de la 4ème  république n’est entaché d’aucune irrégularité constitutionnelle », affirme le président Charfadine Nassour Tedoue. Dans ce sens et au regard des dispositions constitutionnelles et législatives, l’Association des Jeunes unis pour la Réconciliation Nationale et le Développement exprime son désaccord avec « la  déclaration non conforme du principe de la laïcité religieuse du 18/04/2018 exigeant le référendum comme condition pour l’adoption de la nouvelle constitution ».

Pour la Coordination des associations de la société civile et de défense des droits de l’homme, « le régime présidentiel est un régime par excellence où, le président de la République est le détenteur d’une légitimité populaire particulière en raison de son élection au suffrage universel et exerce directement le pouvoir avec son peuple sans intermédiaire. Le régime présidentiel est surtout marqué par le souci d’indépendance et de l’équilibre des pouvoirs ».

Faire des concessions

La position de l’Alliance des défenseurs des droits humains et de l’environnement au Tchad (ADHET) se veut équilibrée. Le président de l’organisation, Abba Daoud Nandjedé a reconnu que “c’est l’homme qui fait le droit et la loi. C’est sur cette question de procédure que la Conférence Épiscopale dans son rôle d’autorité morale dans un élan pastoral a exprimé son opinion, rien que son opinion comme toute personne. Et la démocratie leur concède ce droit de s’exprimer et de donner leur opinion”.

Cependant, le président de l’ADHET a rappelé que la démarche actuelle répond au souci du bien être. “Compte tenu de cette crise aiguë qui frappe le Tchad de plein où chacun d’entre nous ici est en train de la sentir, comment et avec quel moyen faire face quotidiennement et mensuellement aux charges de l’Etat en termes d’engagements sociaux, économiques et financiers et à la fois organiser une élection référendaire qui nécessite des milliards de francs ? Face à un tel choix, celui de sauver des vies en donnant mensuellement des salaires, en faisant de sortent que les hôpitaux s’ouvrent et fonctionnent ; que les écoles fonctionnement pour éviter une année blanche et le choix de mobiliser toutes ses ressources pour organiser une élection référendaire qui nécessite tant de moyens matériels, humains et financiers, le gouvernement a opté pour le moins dépensier