De nouvelles arrestations ont eu lieu au Tchad dans le cadre de la tentative de déstabilisation dénoncée par le gouvernement. Il s’agit de l’ancien recteur de l’université de Ndjamena, le professeur Khalil Alio, et du général Ngaro Ahidjo, gouverneur de la région du Salamat. L’enquête se poursuit. Et le parquet pense savoir qui est le cerveau de cette affaire. C’est un certain Moussa Tao Mahamat qui est soupçonné. Il aurait été arrêté dès mercredi.

C’était un professionnel de la rébellion, c’est ce que dit une source proche du dossier. Une rébellion que Moussa Tao Mahamat a quittée en 2010 pour rentrer à Ndjamena. Il a été dans plusieurs mouvements secrétaire chargé des droits de l’homme de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) notamment, l’UFDD du général Mahamat Nouri qui était à la manœuvre lors de l’attaque sur Ndjamena en 2008.

Après cet échec, Moussa Tao Mahamat avait créé son propre mouvement, les Forces nouvelles, avant de rallier un autre groupe armé, l’Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD).

Mais voilà, en 2010, le Tchad et le Soudan signent un accord de paix. Les groupes rebelles tchadiens ne sont plus les bienvenus au Darfour. Et comme beaucoup, Moussa Tao Mahamat décide alors de rentrer au Tchad. Il espère un poste, mais il n’obtient rien.

« Il y a six mois, il nous avait parlé de son idée de créer un mouvement à l’intérieur du pays qui mènerait des actions coup-de-poing pour déstabiliser le régime », dit un ancien compagnon d’arme. « On lui a dit que c’était de la folie », ajoutant : « si j’étais au courant, Deby aussi ».

Du côté du gouvernement, justement, on affirme que les militaires avaient à l’œil ce groupuscule depuis quatre mois. Alors pourquoi attendre ? Peut-être pour savoir qui aurait envie de s’associer à ce projet de déstabilisation ? Ce groupuscule est entré en contact avec de nombreuses personnalités, dit encore cette source proche du dossier.

Dans les milieux politiques tchadiens, on pense surtout que le régime profite de cette occasion pour régler de vieux comptes. Et cela explique sans doute la sérénité dont a fait preuve le gouvernement qui, à aucun moment, n’a relevé le niveau de sécurité dans le pays et pourquoi Idriss Deby, en villégiature dans le nord, n’a même pas pris la peine de rentrer à Ndjamena.

RFI