Daoussa, le frère aîné du président Idriss Déby Itno, est entré au gouvernement tchadien. Surtout connu comme businessman, il est depuis plus de vingt ans un homme clé du système en coulisses.

C’est le cinquième remaniement gouvernemental en dix mois au Tchad. Mais celui-là ne ressemble à aucun des précédents par son ampleur (une dizaine d’entrées et autant de départs) comme par le nombre record de femmes ministres (elles sont 9). La nouvelle équipe formée le 17 octobre est surtout marquée par la nomination de Daoussa Déby Itno, le frère aîné du président Idriss Déby Itno, au ministère des Postes et des Nouvelles Technologies de l’information.

La soixantaine trapue, ce conducteur de travaux devenu ingénieur (il a été formé à Bamako, au Mali) a toujours évolué dans l’ombre de son cadet. Émissaire et médiateur, il est depuis vingt-trois ans l’un des hommes clés du système sans apparaître au premier plan. En avril 1989, quand son frère manque son putsch contre Hissène Habré, l’ingénieur en fonction à l’Office national des routes (Ofnar) le suit au Darfour (Soudan) et participe à la conquête de N’Djamena, le 1er décembre 1990. Son frère installé au pouvoir, il est promu directeur général de l’Ofnar.

Il acquiert la Société des routes, qu’il dirige et rebaptise Société nouvelle d’études et de réalisations (SNER). Avec la rente pétrolière du début des années 2000, les chantiers s’accumulent et la société en profite. Une prospérité qui ne fait pas l’unanimité. Fin 2012, la SNER, dont il n’est plus que le président du conseil d’administration et qui a pour principal client l’État, est citée dans une pétition de l’Union des syndicats du Tchad (UST) dénonçant “la gabegie du régime”. Daoussa porte plainte contre le journal N’Djamena Bi-Hebdo, qui a publié des extraits de la pétition. L’affaire fait grand bruit… Mais, entre-temps, le business continue. En plus du BTP, les affaires du frère aîné du président s’étendent du négoce à la distribution de carburant à travers son réseau de stations-service dans la capitale tchadienne.

Parfaitement arabophone

Encarté au Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir), Daoussa Déby Itno contribue à la consolidation du régime. “Avec quelques caciques, il a beaucoup travaillé pour faire l’unanimité autour du président, confie un ancien ministre. Dans le clan familial, il met aujourd’hui encore à profit sa forte influence pour régler les petites querelles internes.”
Parfait arabophone, il est aussi le principal émissaire de son frère au Maghreb et dans le Golfe. Daoussa a en effet été ambassadeur du Tchad en Libye à deux reprises, servant à chaque fois de relais privilégié entre son frère et Mouammar Kaddafi. Au plus fort de l’insurrection libyenne, il avait quitté Tripoli mais n’a été remplacé à ce poste qu’en septembre dernier. Au moment de son entrée au gouvernement, le 17 octobre, il n’exerçait plus aucune responsabilité officielle. Reste désormais à savoir comment il compte concilier business et fonctions ministérielles.

Source: Jeuneafrique.com