L’exfiltration du colonel Abdoulaye Ahmat Haroun, par ses proches, le 17 septembre au palais de justice, après sa condamnation, continue de susciter des réactions. Des partis politiques et associations de la la société civile condamnent l’acte.

Pour le patron de l’Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD), Romadoumngar Félix Nialbé, par ailleurs chef de file de l’opposition, à l’heure où cette violation grave de la justice se déroule, le premier responsable de la magistrature se trouve en congé chez lui à Amdjarass, abandonnant ainsi sa résidence de fonction pour un domicile privé. L’URD estime que le chef de l’Etat se soustrait à ses obligations, laissant ainsi libre cours à l’expression des états d’âmes souvent malsains. L’incident survenu au palais de justice, poursuit le communiqué de presse, n’est ni plus ni moins qu’une rébellion contre les institutions de la République et doit être traité avec rigueur.

Le parti Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP) de Max Kemkoye, dénonce quant à lui, le laxisme du procureur de le République qui, en d’autres occasions, aurait clamé haut et fort la suprématie de la loi sur les intérêts individuels. Mais qui en cette circonstance “s’est embrouillé dans un gargouillis incompréhensif”. L’UDP exige du ministre de la Justice des mesures idoines pour que de telles forfaitures ne se reproduisent plus.

L’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH), dans un document signé de sa présidente Me Jacqueline Moudeina, condamne « la barbarie opérée le 17 septembre dernier au palais de justice de N’Djaména ». L’Association affirme ne pas accepter de revivre le régime de Hissein Habré qui est, selon l’APTDH, le plus sombre de l’histoire du Tchad. Aussi, appelle-t-elle les Tchadiens à dire non à la barbarie en soutenant les magistrats, avocats et défenseurs des droits de l’Homme. Enfin, l’ATPDH demande aux autorités judiciaires et politiques de mettre fin à la reproduction de ce film western en remettant le colonel condamné et ses complices à la seule disposition de la justice et de l’institution pénitentiaire.

La campagne ‘’Tournons la Page section Tchad’’, de son côté, rappelle au Marechal du Tchad sa citation de ne protéger personne fusse-t-elle membre de sa famille vis-à-vis de l’autorité judiciaire. A ce titre, elle exige du Marechal une déclaration solennelle sur l’état de la nation en lien avec l’indépendance du pouvoir judiciaire et la démocratie au Tchad.

Ano Nadege (Stagiaire)