Le dimanche 15 octobre, le stade d’Habena a vibré au rythme de la grande finale du champion national de lutte traditionnelle associée. Dans cette compétition, le lutteur de la province du Mayo-Kebbi Est, Idriss Boussaina s’est fait remarquer par ses performances. Qui est-il ?

Stade du 10 octobre. Au rond central de la pelouse, Idriss Boussaina, le géant de la province du Mayo Kebbi Est y est. L’homme de 100 kilos ajuste la peau de mouton qu’il a noué à la hanche.  Il se hâte à en découdre avec son adversaire, Abatam Maurice. Sur ce terrain, ce dernier règne en maitre absolu. Il reste invaincu à cette quatrième édition du championnat national de lutte traditionnelle associée.  Et cet après-midi, il remet son titre de champion du Tchad poids lourd est en jeu.

La foule, témoin de l’insensibilité de deux combattants depuis le début de la compétition, peinent à prédire le vainqueur : «  Je pense qu’il (Idriss) va remporter cette finale… Maurice sera le vainqueur… » Chacun argumente sa proposition comme il le veut. La délégation du Mayo-Kebbi Est harangue leur poulain en poussant des cris, des chants, pas de danse, battement de tam-tam, le natif de Bongor est poussé par les siens.

Au coup d’envoi, Idriss Boussaina, ceinture rouge, attaque. Solide sur ses jambes, le champion résiste aux assauts du jeune lutteur. Le public retient son souffle à chaque déséquilibre. Au bout de trois minutes, l’arbitre sépare les deux hommes. De retour sur le ring, Idriss Boussaina continue dans la même lancée. Habillement d’un croc-en-jambe, le natif de Bongor parvient à faire tomber son adversaire. Abatam Maurice est à terre. Les fans d’Idriss accourent vers lui. Le nouveau champion du Tchad poids lourd est porté, acclamé.  

Ce sacre, Idriss Boussaina le doit en grande partie à son entraineur. Ce dernier l’avait repéré lors d’un combat en brousse pendant qu’il faisait paître les troupeaux.  Ce jour, le jeune homme de 22 ans a été défié par d’autres jeunes de son âge. Il les terrassa et séduit les sélectionneurs au champion national de lutte associée. Idriss Boussaina fut convaincu de son immense talent de lutteur. Il a intégré un centre d’animation de lutte. D’un temps record, la nouvelle recrue apprend les codes de la lutte africaine et se fixe l’objectif de régner sur le plan national.  Et à N’Djamena, le  champion de la province du Mayo-Kebbi Est a tenu parole en détrôna Abatam Maurice.

Désormais, il rêve de conquérir la sous-région voire le continent africain.  Mais au Tchad, la lutte n’est pas le sport roi. Elle est confrontée à de multiples problèmes notamment l’absence des infrastructures, des compétitions,  de prise en charge des lutteurs.  Le pays ne compte  aucun terrain de lutte. Dans la province du Mayo-Kebbi Est considérée comme le foyer de la discipline, la lutte est encore pratiquée de manière rudimentaire. Les formations, les recyclages se raréfient.

Rien que pour cette quatrième édition du champion national, les médaillés ont difficilement encaissé une enveloppe entre 100 000 à 200 000 francs CFA.  Des montants jugés trop  « mesquins » par des lutteurs. « Nous sommes venus défendre notre province, et c’est avec fierté de prouver qu’il y a de bon lutteurs chez nous », affirme un lutteur du Mayo-Kebbi Est.  Cette province a presque tout raflé. Elle a fini première en groupe dans les deux catégories (femme et homme). Individuellement, elle compte plus de cinq médailles d’or que d’autres provinces.  Cette quatrième édition du championnat national de lutte a regroupé  huit provinces. Elle a eu lieu à N’Djamena dans le cadre des préparatifs des jeux olympiques de Paris 2024.