Lors de l’entretien accordé à RFI, le président Idriss Déby Itno a été invité à s’exprimer sur la situation dans le Sahel. Il indique qu’il est du devoir de la communauté internationale d’aider les armées du G5 Sahel.

Mise en place depuis environ 5 ans pour contrecarrer l’expansion du terrorisme dans le Sahel, la force du G5 Sahel peine à atteindre sa pleine opérationnalisation faute de moyens. Pourtant, dans la zone dite des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina, les mouvements terroristes et autres groupes de trafiquants y sévissent régulièrement. Pour riposter efficacement et sécuriser le Sahel, tous les regards sont tournés vers l’armée tchadienne qui combat vaillamment au Mali depuis 2013. « Pourquoi on parle simplement du Tchad ? Il y a d’autres forces là-bas », lance Idriss Deby Itno, visiblement agacé par les récurrentes questions quant à son engagement dans cette lutte.

Début 2020, le président tchadien a annoncé l’envoi d’un bataillon de l’armée tchadienne dans cette zone. Selon ses explications données au micro de RFI, le bataillon en partance pour cette zone a été rappelé en mars pour répondre à l’attaque de Boko Haram. Toutefois, précise le président Déby, un autre bataillon devrait très bientôt débarquer dans la région.

Avant ce déploiement, Idriss Déby Itno plaide pour l’arrangement de certaines situations de terrain. D’abord, « il y a des problèmes sérieux qu’il faut régler dans cette zone, à la frontière entre le Niger, le Mali et le Burkina. Des problèmes purement politiques », recommande-t-il. Il précise ensuite que dans la zone, « il y a beaucoup de gens qui sont armés. On ne sait pas qui est qui. Pour envoyer une unité dans la zone des trois frontières à partir de N’Djamena, c’est plus de 3000 Km. Quelle est la couverture internationale que nous avons pour traverser toute cette région pour aller là-bas ? ». 

A cet effet, le Maréchal du Tchad déplore l’inamovibilité de l’ONU. « Nous avons demandé à l’ONU de placer la force G5 sous chapitre 7. Jusqu’à là, c’est ce que nous n’avons pas encore obtenu ». A ce silence de l’ONU, s’ajoute le comportement de certaines puissances qui prennent le terrorisme au Sahel comme une question uniquement sahélienne. « Il faut dire que le problème de la lutte contre le terrorisme est un problème international, ça concerne tous les Etats », martèle le Maréchal du Tchad qui affirme n’avoir reçu aucune somme d’argent dans le cadre du G5 Sahel en dehors des matériels et des formations émanant de l’Union Européenne, des USA, de l’Allemagne et de la France.

Le terroriste est un mal contre lequel les armées de la sous-région n’étaient pas préparées. Face à cette situation, « les pays amis, les grandes puissances qui ont les moyens doivent aider nos armées, doivent équiper nos armées. On ne demande pas des armées d’autres pays pour venir mourir sur notre territoire, on demande simplement des matériels pour nos armées pour nous défendre », réclame Idriss Deby Itno.