LIBREVILLE, 20 juin 2013 (AFP) – L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a déclaré jeudi avoir été empêchée de se rendre au Tchad, où plusieurs journalistes ont été emprisonnés ces derniers mois dans le cadre d’un complot présumé.

Les autorités tchadiennes, “par des maneuvres dilatoires, viennent de faire échouer une mission de l’organisation à N’Djaména”, sa demande de visa n’ayant pas abouti, dénonce RSF dans un communiqué.

Le représentant de RSF “devait se rendre au Tchad du 20 au 25 juin 2013 pour s’entretenir avec des journalistes tchadiens, rendre visite à ses confrères emprisonnés (…) et être reçu par certaines autorités de l’Etat”, explique le communiqué.

“Notre organisation n’a aucune mauvaise intention vis-à-vis du Tchad et souhaitait simplement se rendre sur place”, notamment pour “marquer notre solidarité avec des journalistes emprisonnés”, écrit RSF, qui dénonce “plusieurs arrestations abusives entre mars et mai dernier”.

Le secrétaire général de l’Union des Journalistes Tchadiens (UJT) Eric Topona, ancien journaliste de la radio nationale, avait été écroué début mai, accusé d'”atteinte à l’ordre constitutionnel”, dans le cadre d’un présumé complot que les autorités tchadiennes affirment avoir déjoué.

Arrêté le lendemain, le directeur de publication du journal indépendant Abba Garde, Moussaye Avenir de la Tchiré, est lui poursuivi pour “incitation à la haine et au soulèvement populaire”.

“Tous deux n’ont pas obtenu de réponse positive aux demandes de libération provisoire introduites par leurs avocats”, souligne RSF.

Enfin, Jean Etienne Laokolé, auteur, activiste, blogueur et travailleur humanitaire tchadien, a été arrêté le 22 mars, selon RSF. On est sans nouvelle de lui depuis cette date. Selon l’ONG, la justice tchadienne reproche à Eric Topona et Jean Laokolé leurs échanges avec le blogueur tchadien en exil Makaila Nguebla.

Le 1er mai, le gouvernement tchadien avait affirmé avoir déjoué un complot d’un “groupuscule d’individus mal intentionnés”. Au moins trois personnes avaient été tuées et plusieurs autres, dont des députés, arrêtées, mais le président Idriss Déby Itno a démenti une quelconque “chasse aux sorcières”.