Selon RFI près de 200 ressortissants tchadiens vivant à Bangui ont été évacués vers N’Djamena hier mardi 1er janvier 2013. Ce cortège est composé de diplomates, fonctionnaires internationaux, ou encore stagiaires à l’École des douanes, la raison avancée est leur sécurité. C’est bien beau tout ça, mais il nous semble que nos dirigeants soient amnésiques ou ne pensent qu’à leurs semblables. La Centrafrique et le Tchad ont une histoire commune qui s’illustre par les échanges humains et commerciaux centenaires qui justifient la présence d’une forte communauté de chaque côté.

Décider d’évacuer ses ressortissants vivant dans un pays en crise est un acte patriotique. Mais faire le distinguo entre ceux qui sont « évaluables » et ceux qui ne le sont pas est tout sauf patriotique. Que fait-on de ces centaines de milliers de Tchadiens vivant en RCA, non seulement à Bangui, mais dans toutes les villes du pays, surtout ceux du Nord ? Pour toute personne qui a séjourné à Bangui, il n’est un secret pour personne que la majeure partie des boutiques du grand marché de Bangui sont tenues par des commerçants tchadiens installés en RCA depuis des lustres. Leur forte présence a donné lieu à des regroupements d’habitation appelés ou reconnus comme étant des quartiers tchadiens.

L’acte n’est pas à prendre à la légère, le gouvernement en agissant de la sorte envoie un message négatif à tous ces Tchadiens non officiels qui risquent de se retrouver à la merci de tous ceux qui nourrissent une haine vis-à-vis de la communauté tchadienne, qu’ils accusent de tous les maux. Ce message pourrait être lu comme « vous n’êtes pas importants, nous on s’occupe d’abord des officiels ». N’oublions pas que la menace de représailles xénophobes est réelle, il y’ a quelques années de cela des commerces et habitations tchadiens ont été saccagés dans une histoire de rixe entre jeunes qui a dégénéré en bataille rangée. Ajoutons à cela le message de ce chef d’escadron de la coalition Seleka Boubakozo Madji parvenu à la rédaction d’Alwidha, qui menace d’exécuter tous les ressortissants tchadiens sur le sol centrafricain si l’ingérence du Tchad dans ce conflit venait à stopper leur élan. « Une seule balle des soldats tchadiens sur nos vaillants éléments sur le terrain et je donnerai l’ordre à nos troupes de BANGUI et des grandes villes de massacrer tous les Tchadiens se trouvant sur le sol centrafricain ». D’ailleurs, nous profitons de l’occasion pour mettre en garde ce génocidaire en puissance, la CPI existe, et que ses dires sont des preuves à charge, en temps et lieu nous sauront faire recours à elle.

Nous avons conscience que l’évacuation de tous nos ressortissants est impossible, d’abord pour des raisons matérielles, financières et humanitaires. La solution serait plutôt d’organiser la communauté comme le font déjà plusieurs pays. En pareille situation, il serait judicieux de profiter de la présence de nos soldats sur le terrain en montant une section d’intervention capable d’intervenir aussi rapidement que possible, dès que sollicitée. Pour ce faire, ont devrait constitués plusieurs petits groupes avec des points de ralliement connus, les chefs de groupes doivent disposer de moyens de communication fiables et être capables de joindre chacun des ressortissants de leur groupe. À la moindre alerte, ils seraient facilement joignables et ainsi on pourra les sécuriser ou les évacuer en urgence.

Nos officiels devraient revoir leur politique de communication, lorsqu’on se retrouve dans un terrain de conflit et qu’on entend que son pays fait du tri-sélective dans ses opérations de sécurisation, y’ a de quoi vous faire détester votre pays, car la première de choses qui vous vient à l’esprit c’est ce sentiment d’abandon.