DAKAR, 20 juillet (Xinhua) — Le procureur général près les Chambres africaines extraordinaires Mbacké Fall a invité l’ancien président tchadien Hissène Habré, dont le procès s’est ouvert ce lundi a Dakar, “à briser le silence pour répondre devant l’histoire et les juges des crimes graves dont il est poursuivi”.

Avant l’ouverture officielle de l’audience, M.Habré, 73 ans, accusé de crimes de guerre, tortures et crimes contre l’humanité, s’est présenté tout de blanc vêtu, la tête et une partie du visage couvertes d’un turban blanc, a dénoncé “une mascarade de procès”.

Ses avocats ont boycotté l’audience.

“Votre silence est un acquiescement des nombreux crimes”, a affirmé le procureur général selon qui “la tenue de ce procès n’est pas un acharnement mais l’aboutissement d’un long processus”.

Revenant sur les péripéties du procès, il a souligné qu'”il y a eu six audiences pour l’ouverture des scellés et six autres audiences pour la notification des faits sans oublier l’interrogatoire de 2.500 victimes entendus sur les crimes de masse”.

Le procureur général a, à ce propos, salué l’entraide pénale internationale qui a permis de mener les investigations à travers la mise en place de quatre commissions rogatoires au Sénégal et au Tchad.

Ce procès considéré comme historique parce que pour la première fois un ancien chef d’Etat africain est jugé en Afrique au Sénégal au nom de la compétence universelle.

Hissène Habré, au pouvoir au Tchad entre 1982 et 1990, est en détention à Dakar où il vit en exil depuis sa chute. Il a été inculpé par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées au sein des juridictions sénégalaises, et chargées de le juger à la demande de l’Union africaine (UA).

Selon l’accusation, la répression sous le régime du président Habré a fait quelque 40.000 morts.

Le procès de l’ancien président tchadien est présidé par le juge burkinabé, Gberdao Gustave Kam, assisté par des juges sénégalais.