Elle n’a que 17 ans quand elle a eu sa première grossesse et obligée de d’arrêter avec les études. A 25 ans, elle se retrouve sans mari et se tourne vers le commerce ambulant pour pouvoir vivre. Ramadji Alphonsine, c’est aussi le calvaire de ces femmes qui se battent sans cesse pour leur autonomisation.

« Si je ne fais pas cela, je ne pourrai pas m’en sortir(…) et puis qui va s’occuper de mes besoins et ceux de mes enfants ? » c’est en ces termes que Ramadji Alphonsine, la vingtaine révolue et mère de 3 enfants explique les raisons qui l’amènent à faire le commerce ambulant tout en changeant de façon sporadique ses marchandises.

Bananes, avocats, goyaves, jus de gingembre, voilà la liste de quelques fruits et jus que cette jeune femme a vendu de manière ambulante dans les quartiers de N’Djamena. Aujourd’hui, pour compléter la liste, elle s’est lancée dans la vente des mangues, mais toujours de façon ambulante. « C’est le type de commerce que je maîtrise le mieux et avec lequel je me sens très à l’aise », dit-elle.

Par jour, elle parcourt plus de 5 kilomètres à pied pour pouvoir vendre ses marchandises, dans un duel constant avec le soleil qui avoisine les 45° dans la capitale. La jeune mère est toujours déterminée à rentrer à la maison avec une recette conséquente. « Je quitte la maison à 9 heures pour faire mon commerce de coin en coin et je ne rentre qu’à 18 heures. Tous les jours, je quitte la maison avec un objectif : rentrer au moins avec 5 000 Fcfa », déclare-t-elle.

Le commerce l’aide à survivre mais l’éloigne aussi de ses enfants

« Cette manière de faire le commerce m’a beaucoup aidé, mais elle ne me permet pas d’assurer correctement l’éducation de mes enfants », regrette Ramadji Alphonsine. Passer plus de 8 heures loin de ses enfants, surtout lorsque ces derniers sont encore mineurs, n’est pas une chose facile mais rester très proche de ses enfants et les regarder pleurer à cause de la faim, c’est encore difficile. Pour la battante Ramadji, «Tous ces sacrifices, c’est pour assurer le bonheur de mes progénitures, car personne ne le fera à ma place », confie-t-elle avec tristesse dans la voix.

C’est en 2013 qu’elle a commencé ce commerce, l’année où elle a dû se séparer de son mari à cause d’un problème conjugal. 2013-2019, cela fait exactement 6ans qu’elle s’autonomise grâce au commerce ambulant. Plus qu’un simple commerce, Ramadji voit en cette activité lucrative une profession. « Je prends très au sérieux ce commerce, parce que c’est le seul moyen pour moi de subvenir à mes besoins, à ceux de mes enfants et de garder ma dignité », rassure-t-elle avec un air confiant.

Si au Tchad, les écoles privées sont réservées aux enfants des riches, Ramadji peut aussi se glorifier d’avoir inscrit deux de ses enfants dans l’une des écoles qui coûtent très cher.

La jeune femme a mis un terme à ses études à l’âge de 17 ans, quand elle a contracté de façon involontaire sa première grossesse. Aujourd’hui, la rue est devenue son école et le commerce son mari.