Les peuples africains admirent le chef de l’État tchadien, c’est un secret de polichinelle. Et le font savoir à toutes les cérémonies où il prend part. Il gagne en popularité alors qu’au pays ses actions sont critiquées par une partie de nos compatriotes. Pourquoi ce paradoxe ?

La popularité du chef de l’État Idriss Deby Itno est indéniable à l’extérieur du pays. La preuve en a été encore administrée ce 28 décembre 2020 à Ouagadougou, la capitale du pays des hommes intègres c’est-à-dire le Burkina-Faso. Parmi les dix (10) chefs d’État qui ont assisté à l’investiture du président réélu M. Roch Marc Christian Kaboré, pour un deuxième et dernier mandat à la présidentielle de novembre dernier , le Maréchal du Tchad, invité d’honneur de cette cérémonie haut en couleur, a été l’homme le plus ovationné par des milliers de Burkinabé et autres personnalités du monde politique, de la culture, des arts et celles des médias. Tout ce gotha a applaudi à rompre les phalanges lorsque l’on a prononcé le nom du chef de l’État tchadien. Pour vous rafraîchir la mémoire, il y a une semaine, cette même scène inédite s’est produite à Conakry (Guinée). A l’occasion de l’investiture du président Alpha Condé, le Chef de l’État tchadien a été la vedette de cette cérémonie. Le chef de l’Etat guinéen qui rempile pour un troisième mandat avait introduit le président Idriss Deby Itno, comme le « commandant en chef des troupes africaines ». Cela a arraché des applaudissements nourris ponctués des youyous dans la salle.

Au pays de Soundiata Keita c’est-à-dire le Mali, le président Idriss Deby Itno est vénéré, adulé, il est considéré par l’immense majorité des Maliens comme leur sauveur. Grâce à sa prompte réplique sinon foudroyante réaction qui a permis de mettre hors d’état de nuire l’hydre Djihadiste qui a occupé le septentrion malien avec tout son cortège de malheur. L’intervention de l’armée tchadienne a été très déterminante dans la reconquête du nord-Mali occupé par ces illuminés qui ont dicté leur loi pendant des mois en semant la mort et la désolation au sein de la population civile, la vaillance et l’héroïsme de l’armée tchadienne, très aguerrie et maîtrisant parfaitement les combats dans les dunes et les montagnes, a réussi à tailler en pièces les forces du mal qui ont profité du chaos libyen pour s’emparer de la partie nord du Mali où ils s’apprêtaient à instaurer un État islamique. Cette bravoure de l’armée tchadienne est restée gravée dans les annales politiques du Mali et de son peuple.

L’armée tchadienne a encore prouvé sa bravoure au nord Cameroun, lorsque ces assassins tentaient de s’infiltrer dans l’extrême nord de ce pays voisin, le président camerounais a sollicité l’appui de son homologue tchadien en vue de bouter hors du territoire national ces hors-la-loi. Le président tchadien,  toujours constant dans sa politique de bon voisinage, a répondu positivement à son frère et ami Paul Biya. Des troupes d’élite ont été mobilisées pour venir faire feu aux côtés de l’armée camerounaise en difficulté sur le terrain face à la puissance de feu des Djihadistes de la secte islamiste de Boko Haram. Cette intervention a permis de mettre en déroute ces bandits de grand chemin. Aujourd’hui, cette armée continue de veiller au grain aux alentours des îles du Lac-Tchad où elle croise souvent le fer avec quelques résidus de cette secte islamiste.

La question qui taraude les esprits de beaucoup de Tchadiens est de savoir  pourquoi, leur président a une aura incontestable au-delà des frontières nationales alors qu’à l’intérieur cette popularité n’est pas visible. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Maréchal apparaît comme un véritable rempart sinon un des maillons très importants de la chaîne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique. Il est aussi présenté comme le chantre du panafricanisme, et digne défenseur de cette idéologie qui sanctifie la fierté africaine et les valeurs d’unité et souveraineté africaines. Il est de bon aloi que l’on ne soit prophète dans son pays, mais au vu de son bilan et réalisations ne serait-ce pas justice que de lui reconnaître ce mérite ?