Le 06 avril dernier Nadjo Kaina, porte-parole du Mouvement Iyina a été arrêté. Il s’en est suivi l’enlèvement du rapporteur francophone national du même Mouvement, Bertrand Solloh Ngandjei. Le chargé de communication de Iyina, Kemba Didah Alain qui, lui également serait recherché par les agents de renseignement et contraint de quitter le pays, nous a accordé une interview exclusive le 22 avril 2017.

Tchadinfos : Quelle est la situation des membres du Mouvement Iyina actuellement ?

La situation est très inquiétante. Aujourd’hui nous comptons déjà plusieurs semaines de détention pour le porte-parole Nadjo Kaina et de Bertrand Solloh Ngandjei, rapporteur francophone national. Nous ne savons toujours pas de quoi on les reproche. Notre action du 10 avril, date anniversaire du holdup électoral orchestré en 2016 par le régime au pouvoir, était une action pacifique qui consistait à porter simplement du rouge pour exprimer son désaccord de la gestion de la chose publique. Nous étions dans la droite ligne des actions pacifiques autorisées par les textes qui régissent les organisations de la société civile au Tchad.

Tchadinfos : Avez-vous eu des informations sur les lieux de détention de Nadjo Kaina et Bertrand Solloh ?

Malheureusement non. Ils ont été enlevés par les agents de renseignements et n’ont pas donné de signe de vie jusqu’à ce jour. Nous ne savons pas dans quelle condition ils sont détenus et comment ils sont traités, nous ne savons même pas s’ils sont toujours en vie. Le parquet saisi par nos avocats, on nous informe qu’aucune plainte n’a été déposée contre eux, alors ils doivent être simplement relâchés. On a vu dans ce pays des gens détournés des milliards de nos francs et sont toujours en libertés et occupent des postes de responsabilité.

Aux dernières nouvelles, les deux leaders du Mouvement Iyina  seraient transférés dans les locaux de la police judiciaire. A-t-on appris, lundi 24 avril 2017 (NDLR).

Tchadinfos : selon nos informations vous seriez également dans le collimateur des agents de renseignement, ce qui vous a contraint à quitter le pays. Quels étaient les faits et de quoi vous reproche-t-on ?

Dans ce pays, on arrête les gens selon l’humeur d’un membre du système en place. Les autorités du Logone Occidental me reprochent d’être membre du Mouvement Citoyen IYINA et de vouloir installer le Projet pour une Alternance Crédible au Tchad (PACT), un mouvement citoyen de la diaspora tchadienne qui œuvre pour l’alternance politique, dont je suis membre du collège.

Selon eux, mon péché était aussi celui d’avoir sensibilisé la population moundoulaise à observer la journée IYINA, le 10 avril dernier. J’étais recherché activement à cet effet, et j’étais obligé d’entrer dans la clandestinité avant de quitter le pays pour me mettre à l’abri et j’y retournerai quand la tension s’abaissera.

Tchadinfos : Les autres membres du Mouvement Iyina entendent-ils mener des actions pour la libération des leaders arrêtés ?

Bien évidemment, on ne lâchera rien. Notre combat pour un Tchad où il fera bon vivre continuera, même s’ils nous arrêtent tous, d’autres Nadjo, Solloh, Didah naîtront et continueront le combat. Nous n’avons pas d’arme, nous sommes pacifiques, nous n’avons que des mots pour dénoncer les maux que vivent les Tchadiens.

Actuellement, les coordinations des arrondissements de N’Djamena et autres points focaux des régions du pays s’activent pour une grande manifestation pour exiger la libération de nos