Tchadiennes, Tchadiens,

Mes chers compatriotes.

Il y a dans la vie des peuples et dans l’histoire des nations des moments d’adversité qui appellent à la réflexion. L’année 2016 qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre pays à l’instar d’autres nations.

Lors du sommet extraordinaire de la CEMAC, le constat que nous avons fait est le même : il n’y a pas d’argent.  Ce n’est pas seulement au Tchad que l’argent est rare ; l’argent est rare partout.

A Yaoundé, nous nous sommes fixé des résultats à atteindre avec des délais précis.

C’est un effort collectif qui est demandé aux six Etats. Sachant que nous sommes une des économies les plus faibles  de la région, nous avons privilégié la recette de l’anticipation.

Aujourd’hui, pour nos six pays ensemble, et chaque pays individuellement, nous allons nous serrer la ceinture.

Il n’y a pas d’autre solution. Pour le Tchad comme pour tous les pays de la CEMAC, il s’agit de reculer pour mieux sauter.

Nous devons contrôler nos budgets, générer des recettes en diversifiant nos économies, rapatrier les fonds placés hors de la zone par les sociétés implantées chez nous, bref nous imposer une discipline budgétaire.

En pareil moment où le pays a besoin d’un sursaut pour rebondir, toutes les forces vives de la nation doivent former une union sacrée pour mieux faire face à l’adversité.

Je  loue le courage et le sacrifice de nombreux travailleurs qui endurent, avec beaucoup de dignité et de philosophie, les épreuves de cette crise qui, je l’espère, n’est qu’une parenthèse de notre vécu commun.

Je les encourage à reprendre  le travail et à assurer  pleinement leurs responsabilités vis à vis de leurs compatriotes.

Tous nos partenaires comprennent la nécessité de préserver les acquis sociaux et je vous assure que c’est toute ma préoccupation, matin et soir.

Mais je voudrais que les Tchadiens soient conscients que l’heure est grave.

Quand nous avons eu l’argent du pétrole, nous avons accordé les augmentations. A présent qu’il n’y a pas d’argent, nous devons accepter les efforts et les sacrifices.

Des sacrifices pour ne pas aggraver nos déficits et des efforts pour rétablir les équilibres dans notre économie. C’est à ce prix et à ce prix seulement que nous pourrons espérer faire redémarrer la machine.

Mais j’espère que ces sacrifices soient provisoires. Pour tirer les leçons de la crise actuelle, nous devons mieux nous organiser, à l’avenir, pour avancer à un rythme contrôlé.

Contrairement aux projections  pessimistes et apocalyptiques, notre pays trouvera les ressorts nécessaires pour tourner cette  page de son existence.

Tchadiennes, Tchadiens, tant que nous avons la volonté et l’ambition, gardons l’espoir.

Mes chers compatriotes.

En dépit de la conjoncture bien difficile,  notre pays a pu se conformer au calendrier électoral en organisant le scrutin présidentiel avec usage de la biométrie.

Cette expérience de la biométrie qui est une toute première dans la vie politique du Tchad a été couronnée de succès.

C’est le lieu ici de saluer les électeurs qui ont accompli leur devoir civique en toute responsabilité et ont opéré leur choix en toute souveraineté.

Ce fort sentiment patriotique doit être cultivé sans cesse. Nous devons perpétuer ce sens accru de responsabilité et de maturité pour cimenter l’unité nationale, garantir la stabilité et consolider la paix.

Il est vrai que nous devons louer le Tout Puissant qui nous a fait grâce de sa Bénédiction et de sa Félicité. Plusieurs régions de notre pays ont bénéficié cette année  d’une pluviométrie moyenne, qui augure de récoltes susceptibles d’atténuer les effets de la crise pour les ménages.

Mais il est indéniable que nous ne pourrions rien construire de durable dans un environnement marqué par l’anarchie et l’instabilité.

Aujourd’hui, le Tchad respire la paix et la stabilité dans une région en proie au terrorisme, à l’insécurité, au crime organisé, aux trafics en tout genre et aux désordres.

Mais cette stabilité ne doit pas pour autant nous amener à céder à la satisfaction béate et à l’angélisme. Bien au contraire, nous devrions renforcer la lutte contre le terrorisme en maintenant l’alerte à un niveau maximal.

A cet égard, je salue la vaillance de nos Forces de Défense et de Sécurité pour le sacrifice suprême qu’elles ont consenti pour la paix en Afrique et au Tchad et je les exhorte à plus de détermination en vue de mettre notre pays à l’abri du désordre et du terrorisme.

J’invite également toute la population à plus de vigilance et à être toujours sur le qui-vive.

Mes Chers compatriotes ;

Tchadiennes, Tchadiens.

L’année qui commence, conformément à notre programme de l’émergence, est pleine de défis.

Nous allons nous investir pour garantir une  croissance durable, inclusive, génératrice d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Dans cette perspective, «  La Vision 2030, le Tchad que nous voulons » et le plan quinquennal 2016-2020  doivent prendre corps et être la boussole qui oriente la marche  du Tchad vers l’émergence.

Le pari est certes ambitieux,  mais je suis convaincu que notre force commune et notre engagement collectif nous permettront de tenir la dragée haute et d’offrir de bien meilleures perspectives aux générations futures.

Ces défis de titan nous commandent, bien entendu, de nouvelles attitudes et une conscience revisitée. Chaque Tchadienne, chaque Tchadien doit mettre à l’honneur la notion de l’intérêt général.

Nous devrons reconnaître, aujourd’hui, que la corruption et le détournement des deniers publics ont gravement ponctionné les ressources nécessaires pour le développement du pays.

C’est pourquoi, la lutte contre les prédateurs et les prévaricateurs sera plus que jamais renforcée. Outre l’Inspection Générale d’Etat qui abat un travail d’excellente qualité, une cour spécialement dédiée aux crimes économiques et à la corruption sera mise en place dès le premier trimestre de l’année 2017.

L’année nouvelle verra aussi la concrétisation des réformes institutionnelles  annoncées lors de mon investiture.

Mes chers compatriotes.

Oeuvrons ensemble pour assurer la grandeur de notre pays. Cet appel pressant et patriotique s’adresse à tous les Tchadiens de l’intérieur et ceux de la diaspora.

Ces derniers doivent contribuer à l’essor de leur patrie en apportant leur précieux capital d’expérience, d’expertise et de génie.

Je formule le vœu ardent que la nouvelle année renforce davantage la solidarité, la fraternité et la cohésion  entre les filles et fils du Tchad.

Dans cette perspective, le Gouvernement doit s’investir pour contenir  les  conflits agriculteurs-éleveurs et les frictions diverses entre les communautés. Il est indéniable que ces phénomènes mettent à mal la concorde nationale, l’unité et la stabilité.

A toutes et à tous, je présente mes vœux de paix, de concorde, de bien-être et de santé.

Bonne et heureuse année 2017.

Vive le Tchad.