« Je suis un soldat ». Cette phrase, feu président Idriss Déby Itno, maréchal du Tchad, l’avait rappelée à plusieurs occasions, surtout lors des entretiens avec la presse, tant nationale qu’internationale. Effectivement, celui qui avait été soldat est mort sur le champ de bataille le 20 avril 2021. Un fait impensable au 21è siècle, voir un chef de l’Etat monter au front pour combattre des groupes armés hostiles à son régime.

En réalité, toute la vie du feu président était liée au métier des armes. Tout commence par sa formation militaire après l’obtention de son baccalauréat série D, décroché au lycée Jacques Moudeina de Bongor, actuel chef-lieu de la province du Mayo Kebbi Est. Le jeune Idriss Déby entre à l’École des Officiers d’Active de N’Djamena (Promotion 1975-1976).

La passion dans le métier des armes le suit toujours. Ainsi, il opte pour le pilotage. Idriss Deby intègre l’Institut Aéronautique d’Amaury la Grange de Hazebrouck, en France. A l’issue de cette formation, il est désormais Pilote de transport, diplômé parachutiste. Son retour au pays coïncide avec les événements de la guerre civile de 1979-1980. Il regagne les Forces armées du nord (FAN) d’Hissène Habré qui le désigne comme chef d’Etat-major et membre du Conseil de Commandement des Forces Armées du Nord (CCFAN). A la prise du pouvoir par les FAN en 1982, Idriss Déby occupera le poste de Commandant en chef des FANT (Forces armées nationales tchadiennes), la nouvelle dénomination de l’armée du Tchad. Promu colonel, Idriss Déby, repart en formation en France à l’Ecole Supérieure de Guerre Inter-Armées (1986-1987). 

A son retour, il restera toujours, entre l’armée et la sécurité, car il sera nommé Conseiller à la Présidence de la République chargé de la défense et de la sécurité, par ailleurs, Commissaire aux Armées, puis à la Sécurité au sein du Bureau Exécutif du Comité Central de l’Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution (UNIR), le parti unique sous Hissène Habré.

Le soldat Déby finira par prendre les armes contre Hissène Habré le 1er avril 1989, avec un groupe d’officiers dont certains tomberont en cours de route, lors de leur longue fuite pour l’Est du Tchad. Sa prise du pouvoir en 1990, ne lui sera pas de tout repos d’homme d’État occupant des bureaux climatisés, mais de président, chef de l’Etat et surtout d’un soldat qui a fait face à de nombreux tourments dont le dernier, le 20 avril 2021, l’a emporté.

L’un de ses proches témoignait que le président Idriss Déby Itno a toujours dit qu’un chef doit être avec sa troupe. Il aime passer du temps au front et souvent dans une position très avancée, confie ce proche. Pendant les trente ans de règne et face aux multiples rébellions, feu Idriss Déby Itno s’est montré toujours en soldat. Acculé en février 2008 par une coalition des groupes armés, il sort vainqueur. « Moi Idriss Déby, je préfère mourir au Tchad que d’aller en exil », disait-il. Un peu plus loin, il réitère encore « Je préfère mourir au terrain que de voir mon pays dans le désordre ». Et il confirma encore qu’il « n’est pas un général de salon ». Comme il l’a dit, Idriss Déby, n’est pas mort dans son lit, mais plutôt au champ de bataille.