JOURNALISME – Entre escroquerie, faux et usage de faux, usurpation de titre, le milieu de la presse tchadienne est terni par des comportements qui n’honorent pas le métier.

La presse tchadienne est prise d’assaut ce dernier temps par des individus, à moralité douteuse. Des pratiques peu catholiques ou tout simplement malsaines se développent de plus en plus dans le milieu. Des personnes ayant reçu d’autres formations généralement n’ayant pas du tout de lien avec les sciences sociales dont le journalisme est une dérivée s’invitent dans le milieu et causent du tort aux professionnels des médias au Tchad.

Le milieu de la presse tchadienne est devenu un vaste cimetière où viennent reposer ceux qui ont échoué ailleurs, en attendant de trouver mieux. Des chantages, de l’escroquerie, de faux et usage de faux, des harcèlements, d’usurpation des titres, etc. ces personnes qui infestent le paysage médiatique tchadien s’adonnent à des pratiques de tous genres, pourvu qu’elles leur offrent la possibilité de soutirer de l’argent.

Dans les évènements, ils sont les premiers à s’inscrire sur la liste de présence des journalistes. Leur souci, ce n’est pas d’informer, mais de s’informer sur les perdiems que certains organisateurs donnent aux représentants des médias expressément invités pour payer leur déplacement.

Comme les griots traditionnels qui se font orienter par leur cauris vers les lieux de cérémonie, ces « faux journalistes » qui portent plusieurs noms, ont les yeux rivés sur les banderoles et autres visuels de communication affichés à travers la ville.

« Collectif sauvons notre week-end » « Journaliste d’Intervention Rapide (JIR) » « Les rats du CEFOD » etc. C’est par ces appellations qu’on les désigne dans le milieu. Le matin, organisés en réseau, ils se dispersent dans les grands hôtels et centres culturels pour guetter les évènements. Si l’un d’eux découvre un évènement, les autres sont alertés aussitôt. Par jour, ces piètres journalistes font la couverture médiatique de cinq à six évènements en inventant des organes de presse fictifs. Ces prétendus journalistes changent d’organe du jour au lendemain. Par jour, ils peuvent empocher de 20 000 Fcfa à 50 000 Fcfa. Juteux !

En période de soudure, ces personnes de plus en plus fréquentes dans la presse tchadienne optent pour d’autres possibilités. Elles appellent au nom d’un organe très réputé un responsable administratif ou autres et lui propose de réaliser un article en leur faveur. Par naïveté, certains donnent de l’argent. Après vérification ce dernier est un escroc. Beaucoup ont été même pris la main dans le sac.

A côté de ces journalistes « marchands » d’autres personnes souvent même des responsables de certains journaux utilisent des astuces peu honorables pour assurer le fonctionnement de leurs organes. Des articles favorables ou défavorables à certains responsables circulent avant même que le B.A.T (Bon à tirer), ne soit envoyé à l’imprimerie. Ces journalistes, professionnels soient-ils, se livrent à des chantages et s’illustrent à des véritables « prostitués intellectuels ».  Ceux qui tombent dans leur piège, sont constamment harcelés pour leur soutirer de l’argent à défaut d’écrire un article « coriace ».

Ces deux dernières années, la crise financière aidant, cette pratique de marchandage des articles de presse est en train de s’éteindre peu à peu. Car, l’argent se raréfie et les principales cibles de ces journalistes prostitués s’en foutent pas mal de leur publication.

A cette allure, ce métier est en train aussi de perdre sa valeur. Les organisations professionnelles des médias et la Haute autorité des Médias audiovisuels (Hama) doivent prendre leur responsabilité pour assainir le milieu de la presse, délaissé à des individus sans foi, ni loi, qui ternissent l’image du journaliste tchadien.