DOSSIER – La moitié du temps de la transition fixée à 18 mois est déjà écoulée, ce jeudi, 20 janvier. Les neuf mois restants pourraient-ils permettre de réaliser les missions de cette période transitoire et élire un président à la tête du pays ?

Le 20 avril 2021, en annonçant la mort brusque du maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, les militaires se sont installés au pouvoir avec la bénédiction du président français, Emmanuel Macron. Dans leur annonce faite par le général Azem Bermandoa, ils ont déclaré une transition de 18 mois. Un délai que certains acteurs politiques ont trouvé trop long. Ils souhaitaient une transition de neuf mois, alors que pour la junte au pouvoir, si certaines missions de la transition ne sont pas réalisées pendant les 18 mois, la transition pourrait être prolongée, selon la Charte de la transition mise en place.

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La formation du gouvernement de transition, la mise en place du Conseil national de transition, l’organisation du dialogue national inclusif, l’organisation des élections présidentielle et législatives, sont entre autres les grandes missions que cette transition de 18 mois doit réaliser.

Ce jeudi, 20 janvier 2022, c’est donc la moitié de cette période de transition qui s’écoule. Et on peut retenir des objectifs réalisés la mise en place du gouvernement de transition et du Conseil national de transition. En ce qui concerne le dialogue national inclusif, une date est déjà retenue, c’est le 15 février.

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Cependant, combien de temps doit durer ce dialogue ? Un mois ? Deux mois ? Ou trois mois ? Personnes n’a encore une réponse précise à cette interrogation. Mais une chose est sûre, la durée de ce dialogue déterminera le futur de la transition. Toutefois, les Tchadiens croient à une possible prolongation de cette période de transition. C’est par exemple le cas de Djimrabé Hervé, un vendeur ambulant qui est visiblement pessimiste face à cette situation. « Quant j’ai appris que c’est le fils du défunt président qui prend le pouvoir, je me suis dit que la transition est partie pour des années mais pas pour un an et demi », raconte-t-il avec ironie.

« En faisant l’évaluation des activités réalisées et celles qui restent à réaliser, il ne me semble pas réaliste que les neuf mois restants pourraient être tenus », déclare le politologue et constitutionnaliste, Ahmat Mahamat Hassan. Il justifie son point de vue par certaines situations problématiques telles que la durée du dialogue avec les politico-militaires qui pourra avoir un impact sur la date de la tenue du dialogue national inclusif et bien d’autres.

Pour économiser le temps et l’argent, il propose purement et simplement la réactualisation de la Constitution de 1996, qui selon lui, « est la meilleure Constitution de la sous-région ».

Si dans le gouvernement on pense que le manque de financement pour le dialogue pourra entrainer la prolongation de la période de transition, Ahmat Mahamt Hassan est convaincu que cela n’est pas un argument de taille pour doubler ou tripler le temps de la transition. « C’est un argument léger, il faudrait trouver un autre justificatif », souligne-t-il.

En tout état de cause, « le respect du délai de transition est important et rigoureux, pour qu’il ne puisse pas y avoir des argumentaires fallacieux pour permettre aux organes de transition de perdurer au pouvoir », conclut le politologue et constitutionnaliste.

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