Quatre personnalités tchadiennes de différents bords étaient ce dimanche 25 avril dans le “Débat africain” sur RFI et France 24. Un débat qui a porté sur l’avenir du Tchad après la disparition d’Idriss Deby Itno.

Quel sera l’après Idriss Déby Itno? Et quel avenir pour le Tchad ? Le débat a été houleux entre un représentant du parti au pouvoir, de l’opposition et deux membres de la société civile. Pour le secrétaire général du parti au pouvoir, Mahamat Zen Bada Abbas, “la réalité de l’exercice du pouvoir n’est pas comme celui qu’on pense“. Il a insisté sur la situation sécuritaire que traverse le pays, qui, selon lui, a besoin d’un maintien de la sécurité et de la paix. La question des principes constitutionnels ne cadre pas avec la réalité actuelle et ne va résoudre le problème des Tchadiens, clame-t-il, soutenant ouvertement le Conseil militaire de transition qui a pris les rênes du pays.

Le rôle que joue et jouera le Conseil militaire de transition (CMT), ne doit pas préoccuper, selon Zen Bada Abbas. La réelle question doit être, d’après lui, la mise en place d’un gouvernement civil dirigé par une personnalité civile. “Celui-ci travaillera pour mettre en place une équipe afin d’organiser un dialogue national et faire un gouvernement d’union nationale“. Pour Zen Bada, les partis politiques et la société civile, doivent faire en sorte que la durée de la transition soit respectée par le CMT.

Le leader de la formation politique Les Transformateurs, Succès Masra, quant à lui, s’en tient à l’organisation d’un dialogue qui, selon lui, permettra à chaque entité de jouer son rôle sans oublier la sécurité du pays. “Il faut réunir les rebelles, partis de l’opposition, au pouvoir et la société civile pour célébrer l’intelligence et trouver des solutions crédibles et remettre le pouvoir à un civil“, lance-t-il. Pour rendre la question militaire importante, le fils du président n’a pas besoin de rester à la tête du pays, conclut-il.

Face aux arguments des uns et des autres, un des représentants de la société civile demande une entente des leaders des partis politiques pour un avenir meilleur. “Le pays fonctionne avec des principes et réalité qui parfois entrent en conflit. La paix, la sécurité, et l’entente des partis politiques doit faire l’objet d’un état d’esprit pour sortir de l’immédiat et faire une projection solide dans l’avenir”, avance Ali Abder-rhamane Haggar. Au sujet de la mise en place et du rôle du Conseil militaire de transition, celui-ci estime que le CMT écoute et s’ouvre aux Tchadiens et qu’on lui accorde le temps afin qu’il organise les élections et laisser la société civile, partis politiques de jouer leur rôle. “L’essentiel serait celui de ne pas s’éterniser au pouvoir”, estime-t-il.

De son côté, le défenseur des droits de l’Homme, Mahamat Nour Ibedou, attire l’attention sur le rôle actuel du patron du CMT. “Il a plus de pouvoir que le défunt président, Idriss Deby Itno. Lui accorder du temps pour organiser le prochain scrutin, le parti au pouvoir intronisera le chef du CMT comme président du parti, et celui-ci briguera un mandat”, redoute-t-il.

Nous avons assisté à des scénarios et cela nous a permis de connaître le mode de fonctionnement du pays…on craint que le pays tombe dans une dictature”, insiste Mahamat Nour Ibedou.