Quelques jours après la sortie du ministre du Pétrole et de l’Energie relative à la crise de l’accès à l’électricité au Tchad, l’Association pour la défense des consommateurs (ADC), à travers son président, Elhadj Daouda Adam, a fait une mise au point.

D’abord, l’ADC fustige le canal utilisé par le ministre qui est Facebook, pour répondre à la
problématique d’accès à l’énergie qui préoccupe des millions de citoyens consommateurs et autres acteurs économiques et de développement. Pour Elhadj Daouda Adam, Facebook est inapproprié, et peut être interprétée comme un pavé jeté dans la marre, voire une insulte aux cris de cœur des consommateurs. “Combien sont les Tchadiens qui ont accès à Facebook pour en faire un moyen de communication ou bien c’est juste pour faire taire les internautes qui expriment leur ras-le-bol ces jours-ci sur la toile?“, s’est-il interrogé.

L’ADC relève par ailleurs le manque d’anticipation de la part des autorités en charge du secteur énergétique qui fait que ce produit essentiel n’est assuré par l’Etat qu’à une extrême minorité de citoyens consommateurs. “Le taux d’accès à l’électricité du Tchad étant l’un des plus bas au monde à 6,4% contre une moyenne de 48% en Afrique subsaharienne. Les besoins en énergie électrique dépassent largement les chiffres longtemps sous-estimés du ministère de l’Energie et de la SNE. Continuer à parler sans gêne que les besoins sont estimés à 120 mégawatts constitue un manque de considération au développement économique et social de notre pays. Le Tchad doit tabler sur une estimation au minimum de 500 mégawatts. Car, il ne suffit pas d’alimenter seulement les ménages de N’Djaména et les quelques gros clients“, rappelle le président de l’ADC.

Il exprime sa surprise et se dit choqué que le ministre de l’Energie parle d’achat imminent de groupes électrogènes sur des fonds propres de l’Etat en cette période de rareté de ressources. Car, poursuit-il, il y a des possibilités dans ce domaine de nouer de partenariats viables pour une augmentation conséquente de la production de l’énergie électrique avec des producteurs indépendants privilégiant les sources d’énergie nouvelles et renouvelables, plus écologiques, moins coûteuses à long terme. “Si cette option marche ailleurs, pourquoi le gouvernement ne l’aurait-il pas privilégié dans le respect strict des textes régissant la régulation du secteur, doublée d’un assainissement du climat des affaires dans ce pays qui bloque tous les projets structurants d’intérêt général ? “, s’étonne Elhadj Daouda Adam.

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Pour le président de l’ADC, il est impératif de mettre fin au modèle économique qui consiste à faire de la super SNE à la fois producteur, transporteur, distributeur car dit-il, ce modèle a “montré ses limites en prenant en otage toute la population, hypothéquant sérieusement le développement du pays”. Afin de mettre fin au “déficit chronique” de l’offre d’électricité et à la “mauvaise allocation” des ressources publiques dans ce secteur, l’ADC demande au PCMT et au gouvernement de mettre fin à l’acquisition pour la SNE de groupes thermiques “inefficaces” comme annoncée par le ministre en charge de l’énergie.

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L’ADC appelle le gouvernement à accélérer le développement de l’Energie solaire photovoltaïque par des opérateurs privés indépendants et crédibles pour répondre aux besoins croissants de l’économie en énergie électrique, de retirer progressivement les centrales thermiques inefficaces et couteuses de la SNE et réinjecter les subventions d’exploitation en carburant non productives dans le
renforcement du réseau de transport et de distribution de l’Energie électrique. “Que le gouvernement accélère le processus de mise en œuvre effective du projet d’interconnexion Tchad – Cameroun et de mobiliser et d’allouer des ressources publiques pour le renforcement du transport et la distribution de l’énergie électrique et l’interconnexion“, appelle Elhadj Daoud Adam.

Enfin, l’ADC exige du gouvernement la mise en œuvre effective de la loi n°036 du 26/08/2019 relative au secteur de l’énergie électrique au Tchad et ses décrets d’application notamment, à l’indépendance et à l’autonomie de l’autorité de régulation (ARSE).