La police municipale a démoli ce matin l’agence de voyage “Société Bagaou Fils”. Raison, l’espace occupé est une réserve de l’Etat. L’avocat de l’agence veut traduire le maire devant les juridictions pour “destruction de biens privés, abus d’autorité et de fonction”.



L’agence de voyage Société Bagaou fils est déguerpie. La police municipale a démoli ce 20 janvier, les hangars abritant ladite société spécialisée dans le transport, située à Walia.

C’est “une place de l’État et nous sommes obligés de venir déguerpir. Nous étions saisis par les services concernés. Ce n’est pas seulement ici, mais toutes les réserves de l’État doivent être évacuées et laissées au public“, a expliqué le secrétaire général du gouvernorat de N’Djamena, Issaka Hassane Jogoï.

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Non respect des procédures

Selon la mairie centrale de N’Djamena, l’endroit est réservé pour le reboisement. “On ne peut pas transformer ce lieu de reboisement en un marché, ou une gare routière“, a indiqué le maire Ali Haroun. L’occupation de cet espace n’a pas respecté certaines règles notamment l’implication des autorités du pays, a-t-il ajouté. “Si la démarche a été bien faite au départ, en impliquant tout le monde, à l’heure où nous sommes il n’y a pas seulement la mairie de N’Djamena, aussi la délégation générale du gouvernement, la mairie du 9e arrondissement ainsi que le ministère de l’urbanisme et de l’habitat. La voie n’est pas idéale pour implanter un marché ou une gare routière“.

La commune du 9e arrondissement se dédouane

Du côté de la commune du 9e arrondissement, elle reconnait avoir accordé une autorisation d’occupation de l’espace à une agence de voyage. Une autorisation provisoire qui doit être renouvelée chaque premier janvier. “C’est ce qui est fait“.

Par la suite, les hautes autorités du pays auraient recadré les autorités communales sur l’octroi de l’espace. Elles “ont trouvé que ce qu’on a fait n’est pas à sa place. Elles nous ont instruit de revoir notre contrat avec l’agence. Par écrit, nous avons annulé le contrat et nous l’avons fait parvenir aux intéressés“, a indiqué le maire du 9e arrondissement, Mahamat Kérima Saleh.

A présent, il s’écarte de l’affaire et précise que s’il “y a autres démarches à entreprendre, ce sera avec l’accord des hautes autorités“.

Réaction des responsables de l’agence

Peu après la démolition, nous avons joint l’avocat de ladite agence qui a réagi. Pour lui, les procédures ont été respectées. “La société a formulé des demandes. Elles ont été agréées et les autorisations ont été assorties avec des conditions. L’espace concerne la mairie du 9e arrondissement, on ne peut qu’adresser la demande au niveau de la mairie du 9e, c’est le principe de la décentralisation“, explique Me Benjamin Mamgodibaye.

Le conseil de la Société Bagaou Fils estime que les autorités communales n’ont pas donné un préavis, ni une mise en demeure. “Dès lors qu’il estime que la procédure n’a pas été respectée, la moindre des choses c’est de prévenir les intéressés de déguerpir eux-mêmes les choses. Dans le cas où les intéressés ne respectent pas, il doit maintenant demander au juge une ordonnance de démolition. Cette procédure, la mairie n’a pas respecté”, a-t-il relevé. Il compte amener l’affaire devant les juridictions compétentes. “Je suis entrain de préparer une plainte contre le maire de la ville de N’Djamena…Nous allons le poursuivre pour destruction de biens privés, abus d’autorité et de fonction”.

Des hangars renversés