Libéré hier avec ses compagnons de lutte, le Secrétaire Général du Collectif des Associations et Mouvements des Jeunes du Tchad CAMOJET s’est confié à notre rédaction. Il revient sur les conditions de leur arrestation, les motifs retenus contre eux et la suite de leur combat.

Bonjour M. Gamo Remy ! Vous venez à peine de sortir de prison. Dites-nous, quelle est la cause de votre arrestation ?

Bonjour ! Comme vous l’avez suivi, nous avons intenté des actions pour amener le Gouvernement à reprendre sa loi de finance qui a exclu l’intégration des jeunes à la fonction publique. Le Gouvernement était ferme sur sa décision donc nous avons aussi décidé de forcer parce que c’est une question de la vie de la jeunesse. C’est ainsi que le samedi 06 février, nous avons fait une sortie avec des précautions pour éviter les cas de débordement. Malgré tout cela, à 50 mètres de notre siège, nous avons été interceptés par la police et tellement qu’elle était perturbée, le commandant nous a fait comprendre que, « c’est vrai nous avons été alertés de votre marche pacifique mais gardez votre position, ne bougez pas. Nous allons signaler à la hiérarchie et nous vous laisserons continuer votre marche ». C’est comme ça que nous étions restés sur place en entonnant l’hymne nationale. Pendant que nous étions en dialogue avec eux pendant 10 à 15 minutes, les interventions étaient venues, nous demandant d’embarquer.

De quoi êtes-vous reprochés ?

Ils ont mis dans nos dossiers « Troubles à l’ordre public », « désobéissance à la loi du pays » et « incitation à la haine ». Nous étions 17 à être interpellés et arrêtés. Nous leur avons dit que si le gouvernement n’a pas autorisé la marche pacifique, la constitution de la République l’autorise selon l’article 27. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de cette lutte. Ils ont soumis nos requêtes et auditions et cela a fait le circuit.

Pourquoi la marche du 02 février a été annulée ?

La marche d’hier a été annulée parce que le Gouvernement a intenté une action pour dialogue. En tant que premier responsable, j’ai accepté le dialogue et j’ai annulé la marche. Au vu de cela, le gouvernement n’était pas tellement sérieux  parce que quand on a annulé la marche, on a lancé un ultimatum de 48 heures. A la veille de l’ultimatum, le Gouvernement nous a contactés pour nous faire comprendre que nous ne devrons pas mettre des pressions sur eux, il faut leur laisser du temps.

Maintenant que vous êtes relâchés, entendez-vous entamer d’autres actions ?

Ce matin, quand le procureur s’était présenté avec son équipe, nous étions clairs avec lui et le directeur de la police judiciaire. On a d’abord condamné l’acte qu’ils nous reprochent, et nous avons fait comprendre au procureur que le Camojet intente trois actions. D‘abord, une plainte contre la Direction de la police pour ce qu’ils ont fait. Quand ils nous ont arrêtés, on nous a traités plus que les Boko Haram, on nous a envoyés dans une cellule e deux mètres carrés. Il y avait 15 détenus avant nous et, quand nous sommes arrivés, le nombre était à trente et quelques, après, ils ont fait semblant de libérer les autres et ils ont lancé du gaz lacrymogène. Quand ils ont ouvert la porte, on est sorti en débandade, il y a trois qui étaient évanouis et sont évacués aux pavillons d’urgence. Nous avons d’autres actions, celle de faire partir Mahamat Bachir. Tant que le ministre de la sécurité et le DG de la police resteront en fonction, le président Deby écoutera cette jeunesse dans les rues encore.

Qu’en est-il de votre première revendication ?

La première revendication c’était l’annulation du décret qui a validé la loi de finance 2016. Le procureur nous a rassurés qu’avant de venir nous trouver en prison, qu’il a eu le gouvernement et que celui-ci est conscient et notre revendication. Ils disent qu’ils vont prendre des mesures pour nous satisfaire. Avant cela, nous avons refusé toute libération sans nous dire les motifs pour lesquels nous étions arrêtés. Après, j’ai compris que le procureur est assisté de quelques personnalités, s’il continue à nous mentir, ça les engage. Mais s’il dit que le Gouvernement a pris des dispositions pour satisfaire à nos revendications.