Le président français Emmanuel Macron a assisté virtuellement, depuis Paris, au sommet du G5 Sahel à N’Djamena. Juste après la clôture de ce sommet, il a animé une conférence de presse (en présentiel pour les médias français  et en virtuel pour les médias des pays membres du G5 Sahel) pour échanger avec les journalistes sur les conclusions du sommet.

D’entrée de jeu, Emmanuel Macron a souligné que ce sommet intervient un an après celui de Pau (France) tenu en janvier 2020 qui, estime-t-il, a été un moment des clarifications. Clarification des pays du G5 Sahel sur leur volonté que la France maintienne sa présence militaire et celle des membres du G5 Sahel eux-mêmes de prendre leur part dans la lutte contre le terrorisme. « La France n’est pas impliquée dans les guerres éthniques, communautaires. Notre présence est sollicitée par nos partenaires. Nous combattons un ennemi commun : le terrorisme », a-t-il répondu à ceux qui, selon lui, manipulent l’opinion sur les intentions de la France.

Le président français a indiqué que « le sursaut décidé à Pau a permis d’inverser la tendance ». Car, note-t-il, avant Pau, la zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger) était « au bord de l’implosion ».   Il note que 2020 a permis d’avoir des « résultats, de véritables victoires militaires » après les engagements de Pau et la mise en place d’un mécanisme de commandement conjoint. Il souligne ainsi que la zone des trois frontières a été ciblée et les groupes terroristes EIGS (Etat Islamique dans le Grand Sahara) et RVIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM en français) ont été identifiés comme les principaux adversaires et combattus. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron se réjouit de l’assassinat en juin 2020, d’Abdelmalek Droukdel, le chef du RVIM tué en juin et de Bah ag Moussa, chef militaire du même groupe (branche sahélienne d’Al-Qaïda) neutralisé en novembre.

Il a indiqué que les chefs terroristes tels qu’Iyad Ag Ghali  et Amadou Koufa restent à neutraliser. Macron se félicite donc de la décision du Tchad de déployer un second contingent de 1 200 soldats qui, souhaite-t-il, permettra d’accroitre les forces dans la zone cible des trois frontières. Il a, à cette occasion, indiqué que le débat sur le retrait de Barkhane ou la diminution des effectifs est un débat légitime. Toutefois, il précise que cette force reste en l’état au moins jusqu’en été, avant un éventuel réajustement.

Le président français a en outre reconnu que le principal problème de la force conjointe du G5 Sahel est le financement. Il espère donc que cette force passera bientôt sous mandat onusien afin d’avoir un financement pérenne. Il a rappelé que le blocage était dû à l’ancienne administration américaine (celle de Trump) qui n’en voulait pas. Toutefois, il compte sur la nouvelle administration (le Secrétaire d’Etat Antony Blinken a fait une communication virtuelle lors du sommet de N’Djamena) pour arriver à obtenir ce mandat des Nations Unies.

Sur le plan du développement, l’autre raison d’être du G5 Sahel avec la sécurité, Emmanuel Macron a relevé que l’Alliance Sahel finance 900 projets d’une valeur de 16 milliards d’euros. Il a également mis en avant la restructuration de la dette  (suspension des intérêts) décidé au niveau du G20.

Pour le président Macron, parallèlement à la lutte contre le terrorisme, les Etats du G5 Sahel doivent engager des discussions avec les groupes qui ne sont pas terroristes pour restaurer la stabilité. Car, insiste-t-il, au fur et à mesure que la guerre contre le terrorisme va porter ses fruits, les Etats du Sahel doivent faire en sorte que l’Etat fasse son retour avec tous ses services (administration, sécurité, justice, réouverture des écoles…) dans les zones jadis occupées.

Le président a conclu en soulignant qu’après le sommet de N’Djamena, il y a aura des points hebdomadaires, une autre réunion du G5 Sahel au printemps et un sommet de l’Alliance Sahel avant l’été.