COMMERCE – Lancé par la Cciama en mai dernier, l’opération “Juste prix” s’impose à la période de forte inflation afin de permettre aux Tchadiens de s’en sortir pendant les différentes fêtes. A l’approche de la Noël et la Saint Sylvestre, les Tchadiens se demandent si le gouvernement renouvellera l’opération ?

Il est 8 heures du matin au marché Dombolo. Sous un soleil levant, les commerçants arrivent un à un dans les boutiques et points de vente. En face du goudron, les élèves qui vont au terrain de sport. A première vue, tout parait calme et normal. Mais juste une heure de temps, pendant que nous sommes à l’intérieur du marché, l’on constate des faces crispées. Qui y a-t-il ? La réponse se trouve dans les prix.

Les produits de première nécessité depuis quelques jours deviennent une matière à réflexion pour les acheteurs. Ici, les prix des denrées de première nécessité comme l’ail, l’oignon et consort ont augmenté depuis plus de deux semaines. Et cela met en boule cette ménagère qui est venue faire le marché pour le déjeuner. « Nous n’arrivons pas joindre les deux bouts avec cette cherté. Et c’est une augmentation de trop », explique Denembaye Ruth, mère de trois enfants.

Comme elle, tant d’autres ménagères subissent la même situation quant à la flambée des prix des denrées. Doit-on revenir à l’opération « Juste prix » à l’approche des fêtes de fin d’année ? C’est en tout cas la question que les uns et les autres se posent dans les rues de la capitale et des provinces. Mais c’est quoi le « Juste prix » ?  

Le “Juste prix” est un concept lancé par la Cciama le 2 mai dernier. Elle est une manière de lutter contre l’inflation aux périodes de grande consommation. Les commerçants qui ont adhéré à ce concept doivent réduire leur prix de premières nécessités.

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Comme l’a marqué la Cciama à travers son président, Amir Adoudou Artine, au mois de Ramadan dernier, « ce concept qui vise à créer un réseau des commerçants labelisés qui s’engagent à baisser le prix de vente des produits de consommation agro-alimentaire de manière durable ». Il veut alléger la peine des populations en période de forte inflation.

Doit-on revenir à l’opération « Juste prix » en cette fin d’année ?

La réponse sera logiquement positive si l’on s’en tient aux déclarations des responsables de la Cciama. Pourquoi ? Réponse : à l’instar du mois de Ramadan, la Noël et la Saint Sylvestre constituent aussi la période de forte inflation.

Pour les commerçants, le “Juste prix” n’a pas pris en compte les contours liés à l’importation mais aussi à la taxation. « Les consignes ne sont pas respectées et les autorités de leurs bureaux n’ont aucune connaissance de ce que nous endurons. Par conséquent, il n’est pas possible de se donner le luxe de réduire les prix des produits de premières nécessités alors que rien n’est fait. Qui perd ? », s’interroge un commerçant labelisé au marché Dombolo.

C’est dans le même sens qu’aborde ce vendeur des denrées sèches importées. « On ne peut pas continuer par vendre nos produits à bas prix alors que le gouvernement se dit ne pas avoir de moyen pour pérenniser l’initiative. »

Interrogé sur la question, le président du Collectif Tchadien contre la Vie Chère, Dingamnayel Versinus, déplore la situation qui sévit sur le terrain mais aussi le manque de sérieux dans ce qu’il qualifie de la « poudre aux yeux ». En effet, le défenseur des droits des consommateurs avance que le concept du « Juste prix » n’a jamais existé. « C’est un concept qui existe que de nom. Il ne s’est jamais matérialisé et pour cela, on ne peut pas parler d’impact dans la vie des tchadiens. »

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Argumentaire que balaie d’un revers de main Amir Adoudou Artine. « Le juste prix ne se résume pas qu’aux actions médiatiques. Il est concret et reçu le soutien de très haut niveau au point les produits de premières nécessités ont été détaxées. »

Mais il reconnait l’arrêt de la communication autour de l’opération. « Par manque de moyens, nous n’avons pas pu poursuivre les actions de médiatisation. Mais par contre, dans les faits, nous avons une équipe qui est en train de travailler là-dessus et à la faveur des fêtes qui arrivent, l’équipe va sortir sur le terrain pour pouvoir un peu sensibiliser les commerçants à épargner le panier de la ménagère. »

De son côté, Digamnayel Nely Versinus s’interroge sur l’existence de la brigade chargée de contrôler l’application de telles décisions dans les marchés, qui est logée au sein du ministère du Commerce.

Pendant ce temps, Dénémbaye Ruth et ses trois enfants se débrouillent avec le peu qu’ils ont en attendant les jours meilleurs.

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