Envoyé comme émissaire pour négocier la libération des Européens dont Mme Françoise Claustre, pris en otage par des rebelles tchadiens, le commandant Pierre Galopin sera exécuté un 4 avril 1975 à Zoui, dans le Tibesti.

L’aile du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat) du Tibesti créée sous le nom de Conseil de commandement des forces armées du nord (CCFAN), par Hissène Habré et Goukouni Weddeye, prend en otage le 21 avril 1974, trois Occidentaux. Il s’agit de l’archéologue française Mme Françoise Claustre, du coopérant français Marc Combe et de l’allemand, le docteur Christophe Staewen.

Cette prise d’otage des Occidentaux devrait permettre au mouvement armé de négocier des armes, le CCFAN étant dépourvu de l’aide extérieure, surtout de la Libye qui soutenait le Frolinat.

Alors que l’Allemagne fédérale accède aux demandes des ravisseurs pour récupérer le docteur Staewen, la France n’a pas répondu favorablement aux vœux des rebelles tchadiens. Les négociations, menées tantôt par le président Ngarta Tombalbaye, tantôt par la France, ont beaucoup trainé. C’est ainsi que le commandant Galopin fut dépêché auprès des rebelles pour négocier. Or, il se trouve que, les rebelles estiment que Galopin a joué un rôle très néfaste dans l’existence de la rébellion.

Il est accusé de diviser les rebelles, tantôt d’être le responsable des raids meurtriers sur leurs positions. Dès son arrivée au Tibesti, au lieu de négocier avec lui, les rebelles l’arrêtent. Galopin le négociateur est désormais prisonnier.

« D’abord, Galopin n’est pas envoyé par le gouvernement français. Il est envoyé par Tombalbaye. Il travaille pour le Tchad. Il a œuvré longtemps pour diviser l’opposition dans le Tibesti. C’est lui qui a été l’artisan de cette division qui nous a coûté cher. Après le basculement de tous les gardes nomades du côté de la rébellion, après l’enlèvement de Mme Claustre, Tombalbaye envoie Galopin », raconte un des témoins de l’arrestation du commandant français.

A travers l’arrestation de Galopin, les rebelles espèrent avoir des armes. « Nous n’avions jamais pensé qu’il serait abandonné par Tombalbaye. Nous pensions que tout ce que nous allions exiger en contrepartie de la libération de Galopin, Tombalbaye allait se sentir obligé de nous le donner afin de récupérer son homme de confiance. Même la liste des armes que nous avons demandées au gouvernement a été préparée par Galopin lui-même », précise un témoin de l’événement.

Finalement, les rebelles reçoivent un message de menace anonyme et Galopin sera exécuté sans qu’il ne soit sauvé, ni par Tombalbaye, moins encore par son pays la France dont Valérie Giscard d’Estaing venait d’être élu président de la République.

Pierre Xavier Galopin, né le 10 janvier 1932 à Eygurande, a été formé à Saint Cyr  de la promotion lieutenant-colonel Amilakvari (1954-1956). Galopin a servi dans les troupes de marine. Il a été aussi méhariste et membre du service de renseignement militaire extérieur français. Galopin a été détaché par la suite comme coopérant militaire et affecté au Tchad à la Garde nationale et nomade du Tchad (GNNT). Il a aussi travaillé au service de renseignements du Tchad.