Après trois gouvernements provisoires formés successivement par Lisette, Koulamallah et Sahoulba, François Tombalbaye forma le quatrième gouvernement provisoire du Tchad le 24 mars 1959. Cela fait 62 ans.

L’histoire politique du Tchad est aussi marquée par la mise en place des institutions parmi lesquelles le gouvernement. Du conseil de gouvernement, l’on arrive au gouvernement provisoire dont le premier formé le 16 décembre 1958 dirigé par Gabriel Lisette comme Premier ministre. Viendront ensuite Sahoulba Gontchomé (11 février 1959) et Ahmed Koulamallah (12 mars 1959).

La quatrième équipe gouvernementale dirigée par François Tombalbaye comme Premier ministre est composée de 17 membres dont les nominations ne sont pas faites par un seul acte.  

En effet, ce gouvernement est issu de l’acte constitutionnel n°4 adopté par l’Assemblée législative constituante en sa séance du 24 mars 1959 et complété par un autre arrêté.

Le premier acte n°4 du 24 mars 1959 nomme Gabriel Lisette au ministère délégué chargé du Plan et Relations extérieures. Le ministère de la Fonction publique est confié à Allahou Taher et l’Intérieur à Djibrine Kherallah. Le département des finances est géré par Abbo Nassour et celui de l’Economie, Tourisme chargé provisoirement de la Santé publique et de la Population par Jean Baptiste. Au ministère de l’Instruction publique on trouve Ahmed Kotoko alors qu’à l’Enseignement technique, Jeunesse et Sports chargé provisoirement des Affaires sociales et Travail, c’est Ahmed Mangué. Les ministères des Travaux publics et celui de l’Agriculture sont confiés, respectivement, à Toura Ngaba et Adoum Tchéré. Le ministère des Transports et de l’Aéronautique civile est dirigé par Sahoulba Gontchomé. L’Elevage est assuré par Hissein Ousman et la Coopération et Paysannat par Abderrahim Djalal.

D’autres personnalités seront nommées par un autre acte (arrêté du 31 mars 1959) membre du gouvernement. Il s’agit de Baba Hassane (secrétaire d’Etat à la présidence), Mahamat El Goni (secrétaire d’Etat à la présidence chargé de l’Information), Djibrine Paul (secrétaire d’Etat au Plan) et Mahamat Abba (secrétaire d’Etat à l’Economie). La présidence mentionnée ici dans les secrétariats d’Etat est celui du gouvernement, c’est-à-dire, Présidence du Gouvernement (PG).

Il faut aussi noter que la formation de ce quatrième gouvernement intervient après une instabilité gouvernementale avec la chute des deux premiers ministres ayant dirigé de gouvernements de quelques jours notamment, Sahoulba Gontchomé (11 février 1959, un mois environ) et Ahmed Koulamallah (12 mars 1959, soit 12 jours).

L’arrivée à la tête du gouvernement de François Tombalbaye est favorisée par la victoire de son parti, le PPT (Parti progressiste tchadien), aux élections législatives qui lui consacrent une large majorité pouvant lui permettre de diriger sans être censuré comme ses prédécesseurs. C’est dans ce contexte que Tombalbaye déclara en ces termes :« Je désire de toutes mes forces éviter le retour d’une nouvelle crise avant les élections générales ».

Les élections législatives de juin 1959 confirmeront la victoire définitive de Tombalbaye qui formera un autre gouvernement en juin pour mener le pays jusqu’à l’indépendance le 11 août 1960.

Natif de Bessada, François puis Ngarta Tombalbaye, ce moniteur de l’enseignement sera le futur premier président de la jeune République du Tchad. Dans son parcours de fonctionnaire, il a servi dans quelques villes du pays, notamment, à Massenya, Mao, Fort-Lamy, Koumra et Fort-Archambault. Sur le plan politique, il est cadre du PPT. L’histoire retient que c’est Ngarta Tombalbaye qui proclama l’indépendance du Tchad avec à ses côtés André Malraux, représentant la Métropole, la France. Il était minuit et à cause d’une coupure de courant, Ngarta lira son discours à l’aide d’une lampe torche tenue par André Malraux. Une image qui reste toujours mémorable chez les Tchadiens à cause des coupures intempestives d’électricité.

Ngarta restera au pouvoir 15 ans. De 1960, il sera emporté par un coup d’Etat le 13 avril 1975 perpétré par des militaires qu’il craignait et souvent critiquait dans ses discours vers la fin de son règne.