La pandémie de Covid-19 est apparue, en mars dernier, dans notre pays, avec son corollaire de restrictions : fermeture des aéroports aux vols commerciaux, interdiction de commerces, interdiction de circulation de bus entre les grandes villes, puis mise en quarantaine de la capitale et des chefs-lieux de province.

L’interdiction des transports interurbains a mis les bus de voyage aux arrêts, provoquant des pertes considérables aux agences ; mais elle n’a pas mis fin aux échanges. A contrario, de petits véhicules tout terrain sont mis sur les routes, transportant les voyageurs à des prix exorbitants, variant entre le double et le quadruple des prix habituels. Aussi, en décidant de rouvrir une brèche exceptionnelle de quatre jours (entre les 21 et 24 juin) pour faciliter le déplacement des élèves, étudiants et enseignants d’une ville à une autre, le gouvernement s’est heurté à un refus catégorique des agences de voyage. Ce qui est légitime car le délai accordé est trop court et pas rentable. Les transporteurs exigent un délai plus long (au moins un mois) et ils eurent raison. Le gouvernement a revu sa position.

Mais au lieu d’une brèche, d’un mois soit-elle, il est temps que le gouvernement envisage réellement d’ouvrir les frontières entre nos villes. L’interdiction des transports n’a pas empêché le virus de se déplacer de son épicentre de N’Djaména vers les provinces. Il s’est retrouvé partout. La faute à des forces de l’ordre véreuses qui, contre espèces sonnantes et trébuchantes, laissaient les transporteurs clandestins entrer et sortir, partout.

Il faut ouvrir nos frontières terrestres, mais aussi nos frontières aériennes. Le ministre de l’Aviation civile, Mahamat Tahir Orozi, a reconduit la suspension des vols commerciaux au départ et vers le Tchad, à l’exception des cargos. Mais au lieu de deux semaines, comme imposé depuis le 18 mars, la nouvelle suspension débute ce 23 juin « jusqu’à nouvel ordre ». L’on espère que ce nouvel ordre arrivera un de ces jours.

L’évolution de la pandémie dans notre pays plaide totalement dans ce sens. Sur la dernière semaine, nous n’avons enregistré que 6 nouvelles contaminations, 0 décès, et 7 patients guéris. Selon le bilan fourni au 5 juillet par la Coordination nationale de riposte sanitaire, il ne reste que 10 malades sous traitement.

Les magasins de la Centrale pharmaceutique d’achats débordent de dons de matériels médicaux contre le coronavirus : kits de détection nucléique, blouses de protection médicale, masques, masques chirurgicaux, lunettes médicales, gants d’examen médicaux jetables, couvres chaussures, etc. Plusieurs pays amis (dont la Chine, le Turquie, le Maroc et l’Allemagne) et organisations (comme la Fondation Jack Ma de Chine) nous ont donné et continuent de donner de matériels contre le Covid-19, dont des dizaines de milliers de kits de dépistage (20.000 offerts par la seule Chine). Nous disposons également d’un stock important de Covid-organics, le jus des Malgaches dont on dit qu’il prévient et guérit le coronavirus.

Avec tout ce dispositif de prévention et l’évolution dans le traitement (la chloroquine pour les cas simples et la dexamethasone pour les cas graves), il est temps d’envisager l’ouverture de nos aéroports, quitte à dépister les passagers à l’arrivée et à les mettre en quatorzaine.

Tiken Jah Fakoly, la star ivoirienne du reggae, sortait en 2007 un opus « Ouvrez les frontières », dans lequel il appelait l’Occident à ouvrir ses frontières aux migrants. Aujourd’hui, nous lui empruntons ses paroles et disons aussi à nos gouvernants : Ouvrez les frontières ! Ouvrez les frontières ! Ouvrez nos frontières aériennes et les frontières entre nos villes ! C’est bien d’ouvrir les lieux de culte et les écoles, mais il faut aussi ouvrir les autres pans de l’économie qui restent fermés : bars, restaurants, boîtes de nuit. Depuis plus de trois mois, notre économie s’essouffle. Nous devons apprendre à vivre avec le coronavirus. Mais nous devons, en même temps, garder la même vigilance et continuer à respecter scrupuleusement les mesures barrières.

La Rédaction.