Le 19 avril dernier, le Maréchal du Tchad s’éteignait des suites de balles reçues en défendant le pays contre une horde de rebelles. Il fut inhumé cinq jours après, dans l’intimité familiale et selon les rites musulmans sur ses terres d’Amdjarass.

Le vendredi 28 mai marquait le quarantième jour après la disparition tragique du président Idriss Déby Itno, conformément aux rites musulmans. En ce quarantième jour, nous devons accepter la mort du Maréchal, quoique brutale. Il est parti, laissant derrière lui un pays qu’il a mis sur les rails du développement, mais reste confronté à mille et un défis de tous ordres : sécuritaire, social, éducatif, sanitaire, etc.

Après la surprise, la désolation, les pleurs et les émotions de toutes sortes engendrées par la disparition tragique du Maréchal, il est temps de se mettre au travail. De son vivant, le Maréchal du Tchad craignait que le pays ne bascule dans le chaos. Quarante jours après, ce n’est pas encore « Apocalypse Now », pour reprendre le titre du film de Francis Ford Copolla. Le Tchad vit une accalmie relative, la situation reste très tendue. Si le CMT reçoit chaque jour des soutiens, ici et ailleurs, il reste contesté par une frange de la population qu’il ne faut pas négliger.

Un gouvernement, ouvert à plusieurs sensibilités politiques, a été formé pour mener la transition. Une commission a été mise en place pour étudier les candidatures au futur Conseil national de transition, qui viendra jouer la fonction législative. Les manœuvres sont également lancées pour préparer le futur dialogue national inclusif.

« Le Conseil militaire de transition n’est pas là pour confisquer le pouvoir, ni pour s’y éterniser comme d’aucuns le disent ou le pensent à tort. La confiance et la responsabilité doivent prévaloir de part et d’autre dans cette phase cruciale de notre histoire », a réitéré « avec force » le président du CMT, le général Mahamat Idriss Déby, à la classe politique et à la société civile. Encore de belles déclarations d’intention ! Mais, aujourd’hui plus que jamais, les Tchadiens ont besoin de plus que de belles paroles ou de promesses. Ils ont besoin d’actes concrets qui les rassurent, les unissent. Malheureusement, ils scrutent chaque acte posé par les ex-nouveaux dirigeants, chaque décision prise, et ils restent toujours dépités. Les dernières nominations dans l’armée et dans la territoriale ne sont pas du genre à les rassurer. Une partie des Tchadiens se sentent marginalisés ; ils estiment que notre pays est un gâteau qu’une partie minime se partage depuis plusieurs années, en les excluant. Et souvent, ils expriment ces frustrations accumulées par la violence. Ce qui accentue la fracture entre les composantes de la nation.

Le CMT et son président ont du pain sur la planche. Ils doivent faire les choses bien pour que la transition soit apaisée et inclusive et débouche sur la mise en place de nouvelles institutions démocratiques. Le général Mahamat Idriss Déby doit faire mieux que son feu père. Le Maréchal Déby, de là où il se trouve, voudrait qu’il fasse mieux que lui, en posant les jalons d’une véritable justice sociale. La justice sociale est la seule panacée au mal tchadien. Ce ne sera pas le dialogue national inclusif, organisé dans ce pays à plusieurs reprises et qui n’a rien résolu.

La Rédaction