Réuni en congrès la semaine dernière, le Conseil national consultatif des jeunes (CNCJ) a élu son nouveau bureau. A l’issue d’une compétition âpre et inédite, Abakar Al-Amine Dangaya a été élu président. Le quatrième congrès a également décidé de changer le CNCJ et CNJT (Conseil national des jeunes du Tchad).

Du quatrième congrès du CNJT, nous retiendrons ce jeu démocratique exemplaire auquel les candidats se sont livrés : un débat public entre les principaux candidats, une enquête de moralité qui a éliminé certains et un scrutin largement relayé en direct sur les réseaux sociaux. Les opérations de vote ont été organisées par un présidium au-delà de tout soupçon partisan : l’universitaire et écrivain Ali Abderaman Haggar, ses jeunes sœurs et frères de plume Me Clarisse Nomaye (par ailleurs avocate), Yousra Ndiaye et Brahim Dadi, etc. Autant de personnalités respectées sur la blogosphère, terrain où s’est joué la conquête du CNJT. La cooptation, presque au débotté de ces personnalités consensuelles, c’était la surprise du chef ; le ministre de la Jeunesse, Routouang Ndonga Christian avait tenu à donner un sceau inédit de garantie. Et il a réussi, là où ses prédécesseurs avaient échoué : donner au CNJT un bureau accepté de tous.

La présence de Haggar et consorts avait permis aux opérations de vote de se dérouler dans la sérénité, malgré la disqualification de certains candidats pour moralité douteuse. Et à l’issue du scrutin, les perdants avaient fait montre de fair-play inédit en reconnaissant leur défaite et en félicitant les vainqueurs. Et le nouveau président a tendu la main à ses (mal)heureux adversaires, leur ouvrant « grandement les portes de la CNJT » et promettant d’être « le président de toute la jeunesse tchadienne ». Le CNJT nous donne ainsi une grande leçon de démocratie. Nos politiciens devraient s’en inspirer. Notre CENI devrait être constituée de personnalités aussi neutres et consensuelles, cela nous éviterait de contestations après chaque élection.

La seule fausse note dans le processus reste la danse hésitation observée au palais de justice. Le vice-président du tribunal de première instance avait pris, dans un premier temps, une ordonnance pour suspendre la tenue du quatrième congrès du CNJT. Mal lui a pris. Dans la foulée, le président du même tribunal a pris une contre-ordonnance pour que les assises se tiennent à la date prévue : du 3 au 6 décembre. Au grand dam de Mahamat Souleymane Djibrine dont l’élection en mars 2018 à la tête du CNJT n’est pas reconnue ni par le ministère ni par les organisations membres du Conseil.

Après plusieurs années de léthargie, l’organisation faitière des jeunes se voit insufflée du sang neuf. Dangaya et son équipe ont désormais la lourde tâche de réunir, voire unir une jeunesse plus que jamais divisée et en proie au chômage et à mille et un problèmes. Leur dynamisme, leur détermination, leur enthousiasme…bref leur jeunesse sont leurs premiers grands atouts. Ils sauront relever le défi de refaire du CNJT une vraie organisation des jeunes, de tous les jeunes Tchadiens, loin des clivages régionaux, tribaux et religieux.

Qu’elle est belle, cette jeunesse que nous avons vue durant les trois jours de congrès ! Espérons qu’elle continuera toujours à se montrer aussi belle et unie, travailleuse comme une fourmi. Le danger pour l’équipe de Dangaya est de se laisser phagocyter par les pouvoirs publics qui doivent lui donner les moyens de sa politique. Le danger est de laisser le CNJT transformé en une antichambre politique. Une jeunesse qui ose (cette jeunesse dont rêve le Maréchal du Tchad), ne saurait être une jeunesse lèche-bottes, un caniche de compagnie d’un parti politique.

La Rédaction.