Depuis le 1er octobre, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) organise la révision du fichier électoral en vue des élections présidentielles d’avril 2021 et des législatives et communales à suivre. Il s’agit d’actualiser le fichier électoral conçu en 2015 afin notamment d’intégrer les Tchadiens qui ont atteint la majorité ces cinq dernières années.

Les opérations d’enrôlement devraient s’achever ce 20 octobre. Mais les jeunes ne se pressent pas dans les points de recensement. Et pour cause, la CENI est peu ou pas visible. Certes un travail de sensibilisation est fait par les médias, des partis politiques et des organisations de la société civile, mais les jeunes ne sont guère pressés d’aller vers les agents recenseurs. Ce manque d’engouement est compréhensible, mais aussi regrettable.

L’exaspération est grande, partout. Dans ce pays, les injustices sociales sont palpables, la corruption et l’impunité rampent allègrement, la méritocratie a déserté les écoles et l’administration. Les Tchadiens ont le sentiment d’avoir été grugés, la chose politique a fini par dégoûter beaucoup de Tchadiens, surtout les nouveaux électeurs potentiels. Les générations 90 et 2000 se sont vite plongées dans la résignation. Elles se disent : à quoi sert-il de participer à une élection sans suspense ? Tout est ficelé ; qu’on vote ou pas, rien ne changera ! Pour ces compatriotes, voter, c’est une perte de temps et d’énergie.

En 2015, les lacunes logistiques de la CENI avaient également dérouté et démobilisé beaucoup de Tchadiens qui ont fini par bouder la présidentielle.

La restriction des sphères d’expression et autres, amène ces jeunes à exprimer leurs ressentiments, souvent de façon violente, sur les réseaux sociaux.

La dernière présidentielle a montré à quel point les Tchadiens sont dépités de la chose politique, électorale. Comme en 2015, la plus grande inconnue de l’élection d’avril prochain sera le taux de participation. L’on risquera de voir des millions d’électeurs partagés entre devoir civique, démobilisation et désintérêt.

Les Tchadiens, surtout les jeunes, doivent donc se mobiliser pour sécuriser aujourd’hui le recensement électoral et demain le vote. Électeurs, réveillez-vous ! Voter est un geste civique, un droit et un devoir à la fois. C’est grâce au vote que l’on peut contribuer à l’avancement et au progrès souhaité.

La CENI doit également se réveiller, trouver des moyens pour rameuter le nouvel électorat. Les partis politiques, surtout celui au pouvoir, ont aussi cette responsabilité car il s’agit de leur crédibilité et de légitimité. Le vote ne peut plus être réduit à une formalité que l’on expédie vite, dans une impréparation visible à l’œil nu. Depuis 1996, l’opposition dénonce des élections entachées d’irrégularités à tort ou à raison. Il est temps que ça change !

La Rédaction.