La 75e session du Comité contre la torture(CAT) examine la situation du Tchad. Le rapport intitulé : “Tchad, tourner la page de la torture pour écrire une nouvelle histoire”, vise à suggérer les réformes institutionnelles et législatives importantes pour la réussite de cette transition notamment en matière de lutte contre la torture.

Etant une institution qui lutte pour les droits humains, le Comité contre la torture (CAT) a débuté les travaux de sa soixante-quinzième session le 31 octobre. Des assises qui se tiennent à Genève jusqu’au 25 novembre. Pendant cette reunion, le rapport présenté par le Tchad est examiné ce 1er novembre. Un rapport rédigé par l’OMCT et les organisations du réseau SOS-Torture au Tchad comme la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH).

Selon le rapport sur la répréssion de la manifestation qui s’était soldée par des morts d’hommes et plusieurs blessées est symptomatique d’une culture de violence développée par les institutions étatiques. ” Depuis le 20 octobre 2022, le Tchad fait face à une vague de violations des droits humains. Les manifestations pacifiques organisées dans plusieurs villes pour demander un retour rapide à la démocratie sont violemment réprimées, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés. Cette nouvelle crise est symptomatique d’une culture de la violence développée par les institutions étatiques comme moyen de gouvernance et de conservation du pouvoir au cours des dix dernières années“.

Le rapport rappelle que le Tchad déploie depuis 2014 d’énormes moyens sur son territoire pour répondre à des menaces terroristes dans le Sahel et le bassin du lac Tchad. Pour le rapport, le pays devient ainsi le siège de la lutte contre le terrorisme dans la région et que ce système sécuritaire s’accompagne de nombreux abus des droits humains, notamment des actes de torture et de mauvais traitements, sous couvert de préserver la stabilité régionale.

En effet, “le présent rapport alternatif fait état de l’utilisation de la torture au Tchad comme pratique généralisée et structurelle et non pas seulement comme des faits isolés commis par certains fonctionnaires. La torture est perçue comme un recours utile pour une gouvernance autocrate, qui réprime les groupes armés, les partis politiques, les organisations de la société civile et les citoyens contestataires. Des systèmes d’écoute, de filature, d’intimidation et de répression se sont multipliés dans les quartiers, villes et villages du pays, normalisant ainsi des pratiques pourtant proscrites par des lois très récentes parfois conformes aux standards internationaux“.

Sur le plan politique, le rapport dénonce le comportement inhumain et les arrestations des opposants et les défenseurs des droits humains par les forces de l’ordre. ” Sur le plan politique, le recours à la force est systématiquement utilisé pour réprimer les contestations politiques et sociales. Les forces de l’ordre arrêtent des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des responsables de la société civile. Au cours de la dernière décennie, le pays maintient donc des institutions et structures favorables à la torture et aux mauvais traitements”.