L’Assemblée Nationale du Tchad a adopté le prolongement du mandat des députés de deux ans pour cause du retard connu dans le cadre du recensement biométrique. Chose étonnante cette décision n’a connu aucune objection de la part de l’opposition qui à son habitude se braque contre toute proposition du gouvernement. A l’exception d’une seule voix, celle de Djimet Bagaou, un des chefs de fils de l’opposition et président du PDPT (Parti Démocratique du Peuple Tchadien).

Tchadinfos : Que pensez-vous monsieur le député du prolongement du mandat des députés de deux ans ?

DJIMET BAGAOU : nous nous dressons automatiquement contre ce prolongement, et nous continuons la lutte jusqu’au gain de cause. Et tant que nous n’obtenons pas un gain de cause, il n’y a pas de conciliation entre l’opposition et ceux qui veulent bien s’éterniser au pouvoir ou rester à l’Assemblée. Nous savions bien qu’on nous a votés pour quatre ans et non pour huit ans, donc notre mandat arrive à terme le 20, et dans la logique on devrait renouveler l’Assemblée Nationale. Et Ça devient une habitude, vous voyez la première législature a été prolongée d’un an, la deuxième de cinq ans, et maintenant de…

Tchadinfos : de deux ans.

DJIMET BAGAOU : Et peut-être même un peu plus, là le Président DEBY est en train de s’opposer à l’identification des électeurs, ça va certainement causer un blocage. Donc, ce blocage risquera de retarder de trois ou quatre ans de plus. C’est une situation vraiment alarmante, mais chacun doit prendre conscience. Nous appelons toute la population tchadienne, les A.D.H, et les intellectuels de dire non à cette pratique parce que ce n’est pas bien, c’est anticonstitutionnel, si c’est ça que DEBY prolonge aussi son mandat de président. Il n’a qu’à prolonger car il n’y a pas de différence, parce que c’est consigner par les même textes, c’est ça la position à adopter.

Tchadinfos : Pensez-vous que ce prolongement du mandat des députés puisse jouer sur votre calendrier ?

DJIMET BAGAOU : c’est une perturbation bien sûre, et maintenant, on serait obligé de s’adapter en fonction de cette situation, si jamais une solution n’est trouvée. Mais, Nous savons que la population tchadienne  a pris conscience quelque soit les positions que les uns et les autres vont prendre, nous comptons sur la maturité de cette population tchadienne, afin que les prochaines élections soient déterminantes.

On aurait souhaité que les élections aient lieu à temps indiqué, parce que c’est ce que la loi dit et il n’ya pas de raison que les gens en abusent de la confiance du peuple. C’est un abus de confiance. Avec ça, comment peut-on penser à l’alternance démocratique ? Celui qui est là ne veut pas quitter, et ceux qui sont là l’aident à rester. Tous les jours, les gens disent qu’on ne veut pas de la prolongation, ils vont au forum pour trouver une résolution et les même personnes reviennent pour applaudir que c’est bien fait. Le mandat est prolongé de deux ans. Et ils veulent que ce soit même plus. C’est très honteux.

Tchadinfos : Pensez-vous que la prolifération des collectifs en faveur de la population, on parviendra à une solution adéquate ?

DJIMET BAGAOU : le pouvoir c’est le peuple, si le peuple dit non, je ne pense pas que le pouvoir soit encore ailleurs. Moi, mon appel à tous ceux qui gouvernent, c’est d’éviter le pire au Tchad. On a tout vécu, on a tout vu. Nous autres, on n’a pas eu un autre souvenir que les troubles du Tchad. Maintenant, on vieilli et c’est le seul type qu’on a vu durant notre parcours. Depuis le lycée, à l’Université, on a travaillé, c’est la même personne qui existe, il n’ya pas un autre.

Tchadinfos : Vous parlez toujours du peuple, pensez-vous qu’elle est complice de sa situation ?

DJIMET BAGAOU : moi je trouve que la population a été peut-être complice, mais la population d’aujourd’hui n’est pas la même que celle des années 90. Il ya eu une prise de conscience, maintenant il faudrait éviter le pire. Je ne crains qu’un jour à l’autre que quelque chose puisse éclater au Tchad. Il y’a une prise de position si vous suivez un peu la société civile et autres. Si aujourd’hui la population descend dans la rue, ça va être difficile de les contenir. Peut-être que nous, on ne peut pas rassembler les gens, mais si la société civile décide ainsi, on va les contenir avec quoi ? Surtout quand la population a marre, elle ne va même pas épargner quelqu’un, même nous ; dans ta voiture, on va dire toi, c’est le synonyme de pouvoir, et malgré notre prise de position. La preuve est que les étudiants jettent le caillou sur tout le monde quand ils manifestent. Donc, le mieux c’est de conserver la stabilité fragile que nous avons. Chaque Tchadien conscient doit penser à ça, parce que quand on vient au pire c’est dangereux. On va perdre nos femmes, nos enfants, nos parents, …hors c’est une situation qu’on peut éviter. Pour moi, c’est le système, ce n’est pas DEBY en tant que tel. Mais le système est pourri. Et lui-même il le sait. Comment ses collaborateurs pillent, et comment ils volent. Il y a l’impunité qui s’est enracinée et il n’arrive pas à la déraciner. Et le Président DEBY ne dira pas le contraire. Ses parents peuvent commettre des gaffes et il est incapable de les empêcher. Donc, pour éviter qu’un jour, que les gens soient débordés de colère, et que ça tourne mal, le mieux c’est de se retirer tranquillement. Voilà c’est tout, nous d’autres, comme j’ai l’habitude de le dire c’est plutôt des conseils qu’on prodigue. Qu’on soit des Hommes sages. Il faudrait qu’on soit des Tchadiens du 21ème siècle, pas les Tchadiens de 1979 qui ne vivent que sur la guerre. On a déjà pris notre dose, si c’était un vaccin, il faut qu’on laisse aux autres maintenant continuer la suite. Et qu’on se retourne vers le développement parce qu’ils nous ont devancé, il faut qu’on les rattrape dans le développement. Malheureusement, personne ne cherche à prêter l’oreille, et ce n’est pas une seule personne qui prend le coup, c’est tout le monde.