Le leader historique des Droits de l’homme au Tchad, Dobian Assingar a été démis de ses fonctions de DAF (directeur administratif et financier) à l’ONDR (Office National de Développement Rural). Notre rédaction a joint quelques acteurs concernés par le dossier, explications et documents nous ont été soumis. Cette décision survient après son limogeage du CSSRP (Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières) par décret présidentiel. Tous ces points ont mené la FIDH (Fédération Internationale des droits de l’Homme) à la conclusion de harcèlement et représailles vis-à-vis de sa personne. 

“L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) dénonce les nouveaux actes d’intimidation et de représailles à l’encontre du défenseur tchadien, M. Assingar Dobian, représentant de la FIDH auprès de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et président d’honneur de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), après ses prises de position publiques dénonçant les violations des droits humains commises à la suite du scrutin présidentiel, et appelle les autorités tchadiennes à y mettre un terme sans délai”, déclare le communiqué de la FIDH

M. Assingar siégeait en tant que membre du collège pétrolier au compte du collectif des associations de défense des droits de l’Homme, il a été désigné par ses pairs et nommé par décret pour une durée de trois ans renouvelables. “M. Dobian avait donc été désigné sur cette base par ses pairs en septembre 2011. Le décret présidentiel du 29 avril contrevient ainsi à l’indépendance de cet organe”, fait savoir le communiqué de la FIDH, plaçant ainsi le débat sur le terrain du respect des textes.

En ce qui concerne l’ONDR, M. Assingar est un ingénieur agronome de formation et fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture. C’est à ce titre qu’il est affecté à cet organe et occupe le poste de DAF depuis 2004. Pour beaucoup c’est une étrange coïncidence qu’à la suite du décret le limogeant de la CSSRP suive sa destitution du poste de DAF.

D’après une source proche du collège, la décision de son départ n’émane pas du collège, mais de ses pairs au sein du collectif des associations de défense des droits de l’Homme qui ont adressé un courrier notifiant au Président du collège la suspension de leur participation au CSSRP (voir copie ci-dessous).

Lettre ADH

Cette suspension est justifiée par “la situation délétère qui prévaut au pays, caractérisé par les séries d’arrestations arbitraires et illégales de nos camarades” souligne le courrier qui date de 4 avril 2016.

Donnant suite à cette requête, le Président du CSSRP a adressé un courrier à M. Assingar lui demandant la confirmation de cette suspension, en clair sa position vis-à-vis de cette demande. Comme vous pouvez le constater dans le document ci-dessous, une annotation de M. Assingar clame le vice de procédure et demande que la lettre soit adressée au Président du Collectif. Ne voulant pas se positionner clairement, la procédure de remplacement a été déclenchée et c’est le responsable de Droits de l’homme auprès du ministère de la Justice qui en est l’exécutant.

Lettre CSSRP

D’ailleurs face à la polémique naissante le Directeur Général des Droits de l’homme M. Garboa a tenu à clarifier la situation via son compte Facebook.

En tant que DG des droits de l’homme et donc gérant à la base la question de remplacement ou désignation des membres de la société civile dans les organismes étatiques, je tiens à apporter les précisions suivantes s’agissant du fameux communiqué de la FIDH : Dobian Assingar a été remplacé du CCSRP à la demande de ses amis de la société civile qui ont écrit officiellement suite à l’affaire Mahadjir et compagnie. C’est suite à cela que nous avons enclenché la procédure de son remplacement. Par contre de l’ONDR c’est un mouvement normal après avoir passé une dizaine d’années au poste.”

Cette affaire fera couler beaucoup d’encre, manœuvre politique, règlement de comptes, cabale, toutes les pistes sont exploitables.