Si l’espoir de voir les groupes rebelles y participer semble s’effriter, il apparaît clairement que, sur tous les plans, rien n’est prêt pour tenir ce grand rendez-vous.

Sommes-nous vraiment prêts pour dialoguer le 10 mai prochain ? A deux semaines de cette date, beaucoup se posent cette question, que ce soit au haut lieu de l’État ou dans les landerneaux politiques. Mais il faut dire que le président du Conseil militaire de transition (PCMT) vient de trancher lors de sa récente adresse à la Nation. « Comme annoncé précédemment, les travaux du Dialogue national inclusif commenceront le 10 mai 2022 à N’Djaména », a-t-il déclaré. C’est la parole du chef de l’État : elle porte le sceau de souveraineté et de l’indiscutable. En plus, après le premier report de février 2022, Mahamat Idriss Déby Itno veut s’affirmer en homme de parole. Mais pratiquement, est-ce possible de tenir ce rendez-vous ?

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La réussite du Dialogue national inclusif (DNI), nous l’avions précédemment dit, dépend [ou dépendait] de deux facteurs : une préparation minutieuse et la participation de tous les acteurs politiques, surtout les groupes rebelles. Or, sur le plan organisationnel, rien n’est prêt : les commissions ne sont pas toujours mises sur pied et la logistique requise n’est pas non plus apprêtée. Et, pour dire tout, beaucoup sont favorables à un report. C’est le cas de François Djekombé, un chef de parti politique, qui l’a demandé a travers une publication sur sa page Facebook. « (…) Aujourd’hui, même si, sur le plan organisationnel, tout est fin prêt pour organiser le dialogue, il conviendrait de tenir compte de nombreuses voies qui demandent un nouveau report. Dans la mesure où nous avons dit qu’un dialogue sans les groupes rebelles ne permettrait pas de régler définitivement nos problèmes, il convient d’examiner au mieux cette demande et y répondre favorablement afin que le dialogue soit non seulement inclusif, mais participatif et consensuel », a-t-il plaidé.

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En parlant de la participation des groupes rebelles, elle est aussi loin d’être acquise. Car la fin des négociations entreprises à Doha depuis le 10 mars est devenue une véritable Arlésienne. « Elle peut arriver aujourd’hui, demain ou jamais », a commenté l’un des acteurs, qui ajoute que « tout dépend du pays hôte qui, visiblement, fait la pluie et le beau temps ». Après avoir recueilli, un peu plutôt, les propositions des deux parties en vue de concocter un projet d’accord, le Qatar les aurait mises dans le tiroir durant plusieurs jours. La raison : le ramadan…

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Donc, après s’être rendu à l’évidence que les négociations de Doha pourraient faire pschitt, le PCMT aurait décidé de séparer les deux cadres. C’est dire que la participation des politico-militaires au DNI n’est plus ni attendue ni une condition. Mais une chose est certaine, même avec eux, l’organiser dans les conditions actuelles c’est courir un risque d’échec. Un échec qui pourrait impacter la transition.