Dans sa communication du 13 juillet dernier, le Premier ministre Pahimi Padacké a donné 15 jours à toutes les forces vives de la nation afin que chaque composante désigne ses représentants au comité d’organisation du dialogue national inclusif. Mais alors que plus de la moitié de ce délai est déjà consommée, rien ne bouge au niveau des partis politiques.

D’après le décret n° 101 du 2 juillet 2021 portant création d’un comité d’organisation du dialogue national inclusif, les partis politiques ont 15 places sur les 70 prévues.  

Le 13 juillet, le Premier ministre, Pahimi Padacké Albert a annoncé officiellement,  lors d’une communication faite à l’endroit des forces vives, que les différentes composantes retenues par le décret ont un délai de 15 jours pour envoyer les noms de leurs représentants au ministre d’Etat en charge de la Réconciliation nationale et du dialogue qui préside le comité.

Mais neufs jours après la déclaration du Premier ministre, rien ne semble bouger dans la classe politique. « C’est faisable dans la mesure où nous sommes deux composantes de la classe politique tchadienne : il y a la majorité et l’opposition démocratique. Donc s’il y a 15 places pour les partis politiques, nous devons en principe faire une répartition entre les deux entités », répond le chef de file de l’ancienne opposition Félix Romadoumngar Nialbé, interrogé il y a quelques jours dans le cadre de notre émission « Buzz Actu » sur le délai et les modalités de désignation des représentants des partis politiques. Toutefois, tempère-t-il, « Mais comme jusque-là ça n’a pas encore été fait, nous attendons toujours ».

Dans la même émission, Jean Bernard Padaré, porte-parole de l’ancien parti au pouvoir indique que « Même si on accorde 1 000, il y aura toujours des réclamations. Donc 15, pour moi, c’est substantiel. Ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité des personnes qui seront désignées pour faire partie de ce comité ».   

Le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) Saleh Kebzabo, joint au téléphone ce 21 juillet, estime au sujet du délai annoncé par Pahimi Padacké Albert que « ça ne pose pas de problème. C’est le Premier ministre chef du gouvernement qui conduit le dialogue, il est dans son rôle ». Quant aux démarches pour désigner les représentants des partis politiques, « Je n’ai été contacté par personne, donc je ne suis au courant de rien », lâche Kebzabo.

Lors d’une conférence de presse le week-end dernier, les dirigeants de l’Alliance Victoire avaient de leur côté souhaité l’augmentation des places réservées aux partis politiques. Ils ont aussi opté pour la répartition des places entre l’ancienne majorité au pouvoir et l’ancienne opposition démocratique. Toutefois, « le régime nous a eus en ne précisant pas les règles du jeu. Ils l’ont taillé à dessein (le décret n° 101, Ndlr) pour nous mettre en difficulté », a regretté Me Bongoro Théophile, l’un des leaders de cette plateforme.

Au Cadre national de dialogue politique (CNDP), on ne voit pas clair non plus. D’abord, la tête du CNDP, le président Mahamat Zen Bada est en dehors du pays depuis plus d’un mois. Ensuite au sujet des modalités de répartition des places, l’on nous fait savoir que personne n’a saisi le CNDP à ce sujet. « On attend aussi. Peut-être que le Premier ministre va choisir ses hommes », nous lâche un membre dudit Cadre.

Une situation qui amène le politologue Evariste Ngarlem Toldé à déduire que « Donner 15 jours sans une règle de conduite précise, reviendra à favoriser  les mouvements et associations proches du pouvoir ». Car, à son avis, « Il y aura une guerre fratricide et ce sont les mouvements et associations proches du pouvoir qui en sortiront vainqueurs, parce qu’ils seront financés, ils seront aidés. Et les autres seront négligés ».

Nous avons également tenté d’avoir l’avis du président des Transformateurs, Masra Succès, sur ce sujet  mais nos appels et SMS n’ont pas eu de suite.