ÉNERGIE – Pour dénoncer les coupures d’électricité au Tchad, le Collectif tchadien contre la vie chère a lancé jeudi 28 mai un ultimatum de 10 jours au gouvernement pour rétablir le courant. Sinon, des actions seront lancées.

Bis repetita… Lors de la période de canicule au Tchad, les consommateurs ont l’habitude d’être confrontés à de sérieux problèmes de coupures intempestives d’électricité. Pour en comprendre les raisons, le Collectif tchadien contre la vie chère (CTVC) a mené des enquêtes de terrain : « Sur les 11 citernes de 36.000 litres de carburant qui sortent de Djarmaya sensées approvisionner les centrales électriques par jour, quatre citernes sont détournées systématiquement par jour par un lobby bien organisé au détriment de la population », déplore le collectif.

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De leurs côtés, les autorités en charge de la distribution d’électricité expliquent ces délestages par la vétusté des générateurs. Par un communiqué en date du 25 mai, la SNE explique qu’une panne a endommagé un équipement important. « Cela a également suscité de sérieuses perturbations constatées sur l’ensemble du rėseau », peut-on lire dans le document.

Faux rétorque Djingamnayal Versinis, le président du CTVC : « C’est plutôt le détournement des citernes, une pratique chronique qui se fait dans toutes les provinces du pays. » Au cours de son point de presse organisé jeudi 28 mai, le militant illustre ses propos ville par ville :

  • Sur les 06 citernes destinées à Moundou par mois, deux sont détournées à partir de N’Djamena et quatre autres ne sont pas toujours dépotées aux bons endroits 
  • Sur les 05 citernes qui alimentent Sarh par mois, deux sont détournées à partir de N’Djamena et trois autres ne sont pas toujours tous dépotées aux bons endroits 
  • Sur les 04 citernes devant ravitailler Doba et Koumra par mois, la moitié est systématiquement détournée

Une situation que déplore beaucoup de Tchadiens alors qu’Idriss Déby Itno a annoncé la gratuité de l’électricité et de l’eau en raison de la baisse du revenu des ménages en pleine pandémie de Covid-19. Un leurre pour Ndingamnayal Versinis qui explique qu’à chaque fois que « le chef de l’Etat frappe du poing sur la table, il est défié par ses collaborateurs », renchérie le président du collectif.

Pour éviter la propagation du virus, les Tchadiens sont invités à rester à la maison. Mais les priver d’électricité et de l’eau « alors que la chaleur se fait rude ressemble à un crime », tonne le militant.

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En attendant, le CTVC accorde dix jours au gouvernement pour mettre un terme à ce détournement des citernes de carburant et rétablir la fourniture d’électricité régulière. « Passé ce délai, avertit le collectif, des actions citoyennes d’envergure seront entreprises pour manifester le ras-le-bol des populations désabusées. »